Festival du film francophone d'Angoulême 2025- 2ème jour
Memento/ L'Atelier Distribution/ Minéral Films

Bilan quotidien de la 18ème édition du festival du film francophone d’Angoulême.

Le film du jour : Furcy, né libre d’Abd Al Malik

Onze après son premier long, Qu’Allah bénisse la France, adapté de son autobiographie, Abd Al Malik est de retour derrière la caméra dans un registre totalement différent, après avoir accepté la proposition d’Etienne Comar (le scénariste césarisé de Des hommes et des Dieux de Xavier Beauvois et réalisateur de Django) de porter à l’écran son scénario, librement inspiré de L’Affaire de l’esclave Furcy, le roman de Mohammed Aïssaoui. Et il s’empare avec brio de cette figure historique méconnue du plus grand nombre. Un esclave réunionnais qui, après avoir découvert à la mort de sa mère en 1817 des documents censés faire de lui un homme libre, entamera à son propriétaire un procès qui s’étalera sur… 26 ans !

Abd Al Malik trouve la bonne focale pour cette histoire. En se concentrant sur ses années- là, sans chercher à raconter sa vie à Z. En refusant de laisser la violence des coups et des humiliations hors champ sans pour autant s’en repaître. Et en signant une œuvre qui pousse à affronter notre histoire collective, aussi insoutenable soit- elle, sans prendre des allures de repentance mais en cherchant à aller de l’avant, à bâtir des choses après en avoir digéré d’autres. Le tout porté par un Makita Samba (Les Olympiades), impressionnant de bout en bout dans le rôle- titre. Un film qui dialogue à distance avec Ni chaînes, ni maîtres de Simon Moutaïrou, joli succès- surprise en salles l’an passé.

Sortie le 14 janvier 2026

Furcy, né libre d'Abd Al Malik
Memento

L’acteur du jour : Isaach de Bankolé dans Muganga - celui qui soigne

Il a débuté au cœur des années 80 face à Jacques Villeret dans Black Mic Mac, dirigé par le futur réalisateur de La vérité si je mens avant de devenir un des acteurs récurrents du cinéma de Claire Denis et Jim Jarmusch tout en tournant sous la direction de Michael Mann (Miami Vice : Deux flics à Miami), Lars von Trier (Manderlay) ou Ryan Coogler (Black Panther). La carrière d’Isaach de Bankolé qui se déploie des deux côtés de l’Atlantique, ne ressemble à aucune autre. Et, au vu de l’accueil enthousiaste que lui a réservé le public angoumoisin cette après- midi, nul doute que le rôle du docteur Mukwege y tiendra une place à part. Car il fallait tout son charisme et sa capacité à faire transparaître les moments de doutes, d’abattement face à une mission en apparence impossible pour incarner les multiples facettes de ce médecin congolais récompensé du Prix Nobel en 2018 pour avoir soigné des milliers de femmes victimes de mutilations génitales dans son pays.

La réalisatrice Marie-Hélène Roux a mis des années pour que Muganga voit le jour sans jamais, elle non plus, renoncer face aux obstacles. Et s’appuyant sur le livre écrit par Mukwege et son collègue belge Bernard Cadière (campé par un non moins remarquable Vincent Macaigne), elle a construit son récit sur la relation entre ces deux hommes, ciment essentiel d’un film choc qui saisit par le côté insoutenable des tragédies vécues par ses femmes sans jamais basculer dans la complaisance ou le sensationnalisme. Grâce à sa mise en scène bien sûr consciente des limites à ne pas franchir comme du besoin de montrer certaines choses pour comprendre l’horreur. Mais aussi à la manière dont Isaach de Bankolé a embrassé ce personnage sans chercher à l’héroïser. Pour ne pas le trahir.

Sortie le 24 septembre


 

Le documentaire du jour : Classe libre d’Ambroise Sabbagh

Un an après Rue du Conservatoire qui racontait de l’intérieur la préparation de l’ultime spectacle d’une promo du Conservatoire de Paris, le festival d’Angoulême a eu la belle idée de sélectionner cet autre documentaire qui épouse une autre dernière ligne droite. Celle de la promotion 43 de la Classe Libre du Cours Florent, fleuron des écoles de théâtre en France. Tant ce premier long métrage d’Ambroise Sabbagh complète celui de Valérie Donzelli. Acteur sorti diplômé du Conservatoire en 2009, on perçoit d’emblée à quel point il se reconnaît chez ces jeunes femmes et hommes, à l’aube de prendre leur premier envol, à la fois excités et angoissés de quitter ce cocon – aussi inconfortable puisse t’il être parfois - pour voler de leurs propres ailes. Voilà pourquoi Classe Libre aussi joyeux que chaotique, est un film avec eux et non sur eux. Où en ne laissant personne sur le côté, il raconte l’aspect collectif d’un métier trop souvent réduit à un individualisme, né de la concurrence pour décrocher des rôles. Ambroise met autant en valeur les talents d’interprète que les personnalités attachantes de ces seize apprentis comédiens. Une réussite.

Sortie indéterminée

Classe libre d'Ambroise Sabbagh
Minéral Films