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Cela fait cinquante ans qu’il arpente la scène, aujourd’hui, il baisse le « Rideau ! » dans une dernière salve d’humour, au Rond-Point, là où le rire est de résistance. Merci l’artiste ! Propos recueillis par M-C. Nivière Alors comme ça, c’est la retraite ?Ceux qui pensent cela, ils rêvent ! J’ai plein de projets… Déjà, en tant que comédien. A faire ces spectacles qui m’ont bouffé, j’ai été privé de cinéma pendant trente ans. Mais cela a été un délice. J’adore être sur scène face à un public heureux.Mais vous arrêtez quand même ?Il faut savoir tirer le « Rideau » avant d’être obligé par la Faculté de le faire… La scène, c’est lourd, mais magnifique… Gambader pendant 1h30 à 2h est un acte physique. Mieux vaut être sous vitamine C. Je prends beaucoup de plaisir sur scène. C’est certain que le soir de la dernière, je vais pleurer, mais on n’y est pas encore…Cela doit prendre du temps ?J’ai une longue tournée, en France et dans les pays de langue française. Je viens de faire la Belgique… Il est même question de Broadway, en français… Cela va effectivement, prendre encore des mois…Et à Paris, vous le faites en deux fois. La première est un « Rideau » de fêtes ?Deux jours après la première, c’est Noël ! J’adore jouer les soirs de réveillon avec des gens qui ont choisi de passer ce moment-là avec moi…Puis, il y aura le « Rideau » de mai !Un pavé que je lance ! J’adorerais pouvoir dire comme avant, du temps de Mitterrand, du mal de la gauche au pouvoir… Plus que jamais la revue de presse a sa place.Elle ne va cesser de bouger… Les journaux radotent, je trouve qu’il n’y en a plus tellement de lisibles… Bien sûr, je commente la crise à laquelle je ne comprends rien, comme eux ! Personne n’est d’accord sur la crise de l’euro… Et puis, en mai, le programme sera chargé. Cela me fait peur…Et les sketches, un best of, du nouveau ?Il y aura des textes nouveaux et d’autres peu connus. Il y aura deux tubes… Je reprends le sketch sur la psychanalyse, « Psycomédie », parce qu’il est toujours actuel. Il y aura aussi un texte de Dabadie, « Tout a une fin sauf moi ! » où je parle de la mort du spectateur ! Je termine par « Ma vie est une comédie », parce que c’est le texte qui me ressemble le plus, comme un paraphe…Comment avez-vous abordé ce dernier tour de piste ?Comme un artisan qui revient à son ouvrage, peaufine, arrange et retravaille… J’ai tourné le spectacle avant d’affronter le tribunal des bien-pensants culturels parisiens. Cette avant-tournée a été comme une répétition en public. Je fais à ma façon ma campagne de 2012. Cinquante ans après, j’ai encore la trouille comme la première fois. Au début on a peur de ne pas plaire, ensuite de décevoir. Cette première tournée m’aura rassuré…Vous tirez un « Rideau », pour en ouvrir d’autres ?J’ai un ou deux livres sur l’établi… Et puis, il y a surtout le film Et si on vivait tous ensemble ? qui sort le 18 janvier, avec Claude Rich, Pierre Richard, Jane Fonda, Géraldine Chaplin… Je compare le réalisateur, Stéphane Robelin, à Jean Renoir, il a la même douceur et j’ai d’autres projets avec lui. Comme vous voyez, ce n’est pas fini !On va pouvoir vous retrouver dans les DVD qui paraissent à l’occasion de ces adieux.Je sors des coffrets qui reprennent toute ma carrière. Une seule chose manque : des images du spectacle de Bobino en 1981. Et pour cause, il n’en existe aucune, même pas à l’Ina. Au cours de ce spectacle, je disais que je ne sortirais de là que lorsque le diamantaire de l’Elysée (Valéry Giscard d’Estaing) en serait parti… Si on n’appelle pas ça de la censure !« La nostalgie n’est plus ce qu’elle était », cela fait quoi de revoir ces images ?Cela fait bizarre de replonger là-dedans. Je me suis rendu compte que si j’ai réussi ma carrière, j’ai raté ma vie de citoyen, parce que cela fait quarante ans que je radote les mêmes choses, sur le racisme… et je n’ai pas été efficace.Guy Bedos dans Rideau ! au Théâtre du Rond-Point>> Réservez vos places pour le spectacleDVDL’intégraleCe magnifique objet est composé de dix DVD, avec les grands sketches de 1962 à 1987 et l’intégrale des spectacles à partir de 1986, dont certains sont inédits en DVD. Le bonus est un fort beau livre réalisé par sa fille, Leslie Bedos, « Guy Bedos, un homme qui me plaît ». On espère qu’un jour, il sera édité à part. Universal/Polydor. 99 €.Le Best ofIl est composé de trois DVD. Les deux premiers comportent un florilège qui permet, pour les anciens, de replonger dans leurs souvenirs, et pour les plus jeunes de découvrir toute la diversité du talent de l’artiste. Le troisième regroupe les meilleurs moments des revues de presse de 1982 à nos jours. Un cours d’histoire passionnant. Universal/Polydor. 29,99 €.Les deux coffrets ont en commun un adorable et très sérieux entretien entre Guy Bedos, sa fille Victoria et sa filleule Justine. Une sincère confrontation entre deux générations. Et, cerise sur le gâteau, Nicolas Bedos nous dresse un portrait « mythomane », hilarant et très tendre de son père.