Le choc des attentats pourrait impacter les entrées de ce film où l’on prend les armes et fait péter des bombes.
Hunger Games : La Révolte (Partie 2) sort aujourd'hui en salles françaises. Chez nous, le premier film de la saga rassemblait 1,7 million de spectateurs, tandis que L'Embrasement et la première partie de La Révolte n'étaient pas loin de doubler le score (3,1 millions et 3,2 millions). Mais ça, c'était avant. Avant les attentats du 13 novembre, qui ont évidemment affecté le monde du cinéma : interdictions de tournage à Paris, report de sortie de Made in France de Nicolas Boukhrief, chute des entrées des Anarchistes. Samedi et dimanche, les cinémas parisiens étaient fermés et les salles commencent timidement à retrouver une vie normale, juste à temps pour la sortie événementielle du dernier Hunger Games. Pourtant, le film vient de réaliser le pire démarrage « première séance parisienne » des quatre films de la saga. 1 596 entrées sur 21 copies (tout juste devant L'Hermine avec Luchini, 1 521 entrées dans 21 salles), alors que les autres démarraient entre 2 400 et 3 800 entrées et démontraient une tendance ascendante pour la série (en guise de comparaison, San Andreas avec The Rock démarrait le 27 mai dernier à 1 583 entrées dans 20 salles).
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Evidemment, le film commence tout juste sa carrière (et aux Etats-Unis il est parti pour exploser les scores de la franchise), on attendra donc les chiffres nationaux, mais notre feeling est que ça ne s'annonce pas terrible pour Katniss dans l'Hexagone. Normal : s’ils vont au cinéma et surmontent l’angoisse actuelle associée aux lieux publics, les spectateurs ont-ils vraiment envie d’aller voir la guerre ? De voir des poseurs de bombe, même poètes, même amoureux, même incarnés par Adèle Exarchopoulos et Tahar Rahim (Les Anarchistes, donc) ? Pretty Pictures et Nicolas Boukhrief ont en tous cas estimé que personne n’aurait envie de voir Malik Zidi infiltrer une équipe de terroristes prêts à commettre un attentat dans Paris. « Les évènements de ce vendredi 13 ne laissaient plus de place dans l'immédiat à une fiction de ce type, aussi juste soit-elle », nous explique le réalisateur de Made in France en expliquant le report de sortie de son film. « Le cinéma peut, je pense, proposer dans le meilleur des cas une synthèse du monde qui nous entoure. Pas un reflet immédiat de la réalité la plus agressive qui soit. »
Boukhrief nous rappelle une évidence : un film existe dans le contexte où on le montre. Et, toutes proportions gardées, le contexte actuel permet-il de regarder sereinement les rebelles de Panem faire sauter le Capitole ? Les qualités de la franchise, qui va au-delà du simple divertissement, dont on loue les références antiques et le commentaire intelligent sur notre temps, peuvent aujourd’hui lui péter à la gueule. D’autant que dans La Révolte (Partie 2), un twist du scénario met rétrospectivement mal à l'aise.
(Attention, spoiler)
Un acte de violence terrible est commis contre les rebelles. Alors qu’on pense qu’il vient de Panem, il semblerait qu’il s’agisse en fait d’un coup des rebelles eux-mêmes : la riposte violente du pouvoir est utilisée pour alimenter la révolte. L'effet boule de neige est l'une des stratégies des groupes terroristes pour gagner le soutien des populations et recruter de nouveaux combattants.
(Fin du spoiler)
On n’ira pas jusqu’à comparer le Geai moqueur à Daesh (Katniss : une héroïne féministe, badass, qui se bat contre toutes les dictatures du monde), mais après avoir entendu Marc Trévidic, ancien juge d’instruction du pole antiterroriste de Paris (et star médiatique du week end) expliquer la stratégie perverse de l’Etat Islamique, on ne peut pas non plus ne pas faire de rapprochement. Non seulement la violence d'Hunger Games répond à celle de l'actualité, mais ses décors sont familiers puisqu'une partie de La Révolte a été tournée au milieu d'immeubles de Noisy-le-Grand et Ivry-sur-Seine. Après le 13 novembre, les fans d'Hunger Games -majoritairement jeunes- auront-ils vraiment envie d'aller voir un film qui leur rappellera autant le monde réel ? De voir une héroïne crier « tourner vos armes vers le Capitole ! », tirer des flèches explosives, et appeler à la révolte armée ? A moins que certains spectateurs sachent faire la part des choses et considèrent justement cela comme une évasion, un divertissement, mais ça, c'est une autre histoire.
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Bande-annonce d'Hunger Games : La Révolte (Partie 2) :
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