Comment Emily Blunt est devenue la bombe de Sicario

Comment Emily Blunt est devenue la bombe de Sicario

Edge of Tomorrow (2014)

Et voilà son meilleur rôle (jusqu'à Sicario, en fait) : celui de Rita Vrataski, dite "l'Ange de Verdun", guerrière en cyberarmure armée d'une épée faite d'une pale d'hélice de gros porteur et exterminant des hordes alien. Dans le dico de 2014, à la définition du mot badass, il y avait une photo d'Emily Blunt.

Looper (2012)

Parmi les images frappantes du super Looper de Rian Johnson, il y a celle séminale d'Emily Blunt en maman célibataire redneck douée de pouvoirs psy, armant un fusil à pompe au milieu des champs de maïs - et accessoirement génitrice du futur maître du monde. Emily a accepté le film avant d'avoir terminé de lire le scénario, sans même être arrivée à l'apparition de son personnage. Sans savoir qu'elle irait manier le shotgun. Et qu'elle allait le faire comme personne.

Le Diable s'habille en Prada (2006)

Sans doute son film le plus connu jusqu'à aujourd'hui. A côté du trio Meryl Streep/Anne Hathaway/Stanley Tucci, Emily assure en assistante un peu folle, un peu détachée, un peu blasée qui contrebalance avec une évidence folle le personnage d'Hathaway. Le succès du film lui offre une exposition mondiale bien utile pour la suite.

Empire (2005)

L'année suivant My Summer of Love, la voilà dans la série Empire. Rien à voir avec celle sur le hip-hop : il s'agit d'une version fauchée et nanarde de Rome produite chez ABC dans laquelle Emily a faillu se fourvoyer durablement en jouant une vestale dotée de pouvoirs psy (sic). La série n'a duré que six épisodes, permettant à l'actrice de viser mieux pour la suite de sa carrière.

My Summer of Love (2004)

Le premier rôle sur grand écran d'Emily aurait pu figer sa carrière : dans le joli <link object_id="144737">My Summer of Love</link>, drame teenage lesbien diaphane, elle joue Tamsin, jeune fille de bonne famille rebelle qui en séduit une autre. C'est en tous cas ce qu'on appelle en anglais un breakthrough : la révélation d'un talent d'actrice de cinéma.

Victoria, les jeunes années d'une reine (2009)

Un rendez-vous loupé au box-office et aux trophées pour Emily, mais un vrai premier rôle tout entier pour elle dans un agréable biopic shooté par Jean-Marc Vallée, cinéaste estampillé "révélateur d'acteur" depuis (Matthew McConaughey lui doit son Oscar). L'actrice voit surtout le personnage comme "une rebelle, une survivante". Il ne lui manque plus que les flingues.

Sunshine Cleaning (2008)

Et pourtant, on la retrouve à Sundance. On a un peu oublié le rigolo <link object_id="1154667">Sunshine Cleaning</link> avec son duo de frangines qui montent un business de nettoyage de scènes de crime. On a surtout un peu trop vite oublié que ses deux héroïnes s'appellent Amy Adams et Emily Blunt. Une sorte de training du cinoche indé post-Little Miss Sunshine pour Blunt.

Wolfman (2010)

Il est facile de réduite Wolfman à la première rencontre entre Emily Blunt et Benicio Del Toro, cinq ans avant Sicario, mais le film de Joe Johnston se tient très bien tout seul. Malgré sa production douloureuse et sa réputation d'accident industriel, c'est un beau film d'horreur post-Hammer old school où l'actrice incarne parfaitement les beautés gothiques et s'essaie à la noirceur.

Légions : les ennemis de Rome (2003)

Le premier rôle à l'écran d'Emily Blunt - révélée au théâtre à 18 ans face à Judi Dench - est dans Boudica, téléfilm néo-péplum un peu cheapos consacré à la révolte d'une reine-guerrière icenie (une tribu de l'Angleterre antique) face aux légions romaines. Second rôle pour Emily, mais comme le titre original est Warrior Queen, on se dit que ça serait un bon surnom pour elle.

Sicario (2015)

La spécialité de l'agent du FBI Kate Macer : "défoncer des portes à coup de lattes". C'est comme ça qu'elle apparaît dans Sicario. Le parallèle avec Maya (<link object_id="1589284">Jessica Chastain</link>) de <link object_id="3197992">Zero Dark Thirty</link> est évident. Deux rôles de femmes hyper fortes qui veulent faire péter la vérité à coups de pieds dans le shadowland des magouilles de la politique extérieure US post-11-septembre. Leur destin sera bien différent, mais Emily est tout aussi superbe que Jessica - et sa scène finale est à pleurer de beauté. On ne vous spoilera pas, mais sachez juste que Blunt a atteint un sommet dans sa carrière. On la retrouvera en 2016 dans le film de fantasy The Huntsman (la suite de Blanche-neige et le chasseur) et The Girl on the Train, un thriller au casting de fou (Rebecca Ferguson, Chris Evans et Jared Leto) qui s'annonce comme un nouveau Gone Girl.

Cinq ans de réflexion (2012)

C'est le côté cool de l'actrice british. Nick Stoller - qui avait fait tourner Emily dans Les Muppets, le retour et réalisé une des meilleures productions Apatow (Sans Sarah rien ne va) - choisit Blunt quand il entreprend de tourner l'anti-romcom absolue : un film de plus de deux heures, plein comme un oeuf, où le problème n'est pas de tomber amoureux (même si c'est le film où on ne peut que tomber dingue de Blunt) mais de faire survivre l'amour suffisamment longtemps. Un drôle de film, finalement très émouvant, forcément bien puisqu'il s'est taulé aux Etats-Unis.

"On me propose toujours des rôles hyper cliché, il faut juste faire gaffe", se plaignait début 2014 Emily Blunt après la sortie de Edge of Tomorrow, juste avant de partir sur le tournage de Sicario. Histoire de rappeler qu'elle doit toujours se battre pour ne pas jouer les cruches dans des romcoms ou la target du héros. La voilà dans les rangers d'un agent badass du FBI dans le chef-d'oeuvre de Denis Villeneuve. Pas une révélation, mais un accomplissement : celui de la transformation d'un énième joli visage british en actrice accomplie qui aurait largement mérité la Palme au dernier Cannes. Une bombe, assurément, dans tous les sens du terme.