DR
DR
DR
DR
DR
AGI AGI
DR
DR
DR

Spinal Tap, Metalhead, Un sort pour éloigner les ténèbres : 7 films pour enfin comprendre quelque chose au Metal

Spinal Tap (1984) de Rob Reiner

Qu'est ce que c'est ?
LE film culte du <strong>Heavy Metal</strong>. Tourné comme un documentaire, il nous immerge dans la vie du groupe anglais fictif, <strong>Spinal Tap</strong>, qui a connu son heure de gloire mais s'aperçoit qu'il est complètement passé de mode lors d'une tournée foireuse aux Etats-Unis. Le groupe, en pleine crise, va devoir se remettre en question...

Pourquoi le voir ?
Plongée délirante dans l'atmosphère rock des années 70-80, Spinal Tap se moque avec finesse de tous les clichés du rock, ses mythes et sa folie des grandeurs à grands coups de répliques cultes et de scènes d'anthologie. Au programme : des amplis <em>"qui vont jusqu'à 11"</em>, des batteurs victimes de combustion spontanée et des loges labyrinthiques où l'on se perd juste avant de monter sur scène. <em>Spinal Tap</em> parodie la facette la plus "<strong>Glam</strong>" du <strong>Heavy Metal</strong> en cinglant au passage son goût pour les paroles misogynes et son culte de la virilité exacerbée. Les hippies devenus Headbangers pour suivre la mode de l'époque en prennent aussi pour leur grade.

Anvil : The Story of Anvil ! (2008) de Sacha Gervasi

Qu'est-ce que c'est ?
L'histoire du groupe de Heavy Metal le plus malchanceux de l'Histoire : <strong>Anvil</strong> ! Alors qu'ils touchaient le succès du doigt dans les années 1980, l'apparition du Trash Metal a finalement laissé sur le bord de la route ces rockeurs chevelus et inspirés. Depuis, ces musiciens, toujours considérés comme des influences et des modèles par leurs semblables (<strong>Motörhead</strong>, <strong>Slash</strong>, <strong>Metallica</strong>) vivent de petits-boulots ingrats et jouent dans des salles des fêtes. Pourtant, le chanteur Lips et ses collègues continuent de batailler au quotidien pour retrouver leur gloire d'antan.

Pourquoi le voir ?
Ce documentaire tendre signé <strong>Sacha Gervasi</strong> (Hitchcock), retrace le triste quotidien d'<strong>Anvil</strong>, juste avant que le groupe ne connaisse une nouvelle occasion de revenir sur le devant de la scène. Loin des paillettes, leur parcours du combattant côtoie les salles de concerts vides, les organisateurs véreux et les magnats du disque plus businessman que mélomanes. Il est assez passionnant de voir comment, face à un monde qui ne répond plus du tout aux mêmes codes, les musiciens sincères et middle class d'un Heavy Metal à l'ancienne et démodé s'accrochent à leurs rêves pour reforger avec passion et talent leur gloire d'antan.

Until the Light Takes Us (2008) d'Aaron Aites et Audrey Ewell

Qu'est-ce que c'est ?
Un documentaire rétrospectif qui donne la parole à toutes les grandes figures du <strong>Black Metal</strong> au moment où l'esthétique du genre est récupérée par un musée d'art contemporain. Version extrême, idéologique et sans concession de la musique de la bête, le <strong>Black Metal</strong> avait défrayé la chronique norvégienne à l'aube des années 90. 15 ans après, avec plus ou moins de recul et de remords, les membres de Mayhem, <strong>Burzum</strong>, <strong>Darkthrone</strong> ou encore <strong>Immortal</strong> font le bilan de ces heures aussi sombres que créatives.

Pourquoi le voir ?
Les amateurs de règlements de comptes sanglants entre musiciens, les anecdotes de scènes macabres et les églises enflammées seront servis : l'histoire du <strong>Black Metal</strong> et son chant misanthrope sont inscrits dans le sang et les flammes, alors qu'il est né paradoxalement dans le pays "le plus heureux du monde". Mais <em>Until the Light Takes Us</em>, n'est pas qu'un catalogue de faits-divers sordides, il questionne au contraire la cohérence de l'histoire du Black Metal par rapport à ses codes et à sa révolte nihiliste. Et puis c'est une tentative de comprendre comment cette musique de l'ombre, résolument underground voire même "la moins commerciale du monde" (dixit <strong>Harmony Korine</strong> qui y fait une apparition) a finalement été engloutie par la pop culture et fondue dans le mainstream.   

Lemmy : The Movie (2010) de Greg Olliver, Wes Orshoski

Qu'est ce que c'est ?
Un documentaire sur la légende du Heavy Metal. A 69 ans, <strong>Lemmy Killmister</strong>, leader de <strong>Motörhead</strong> est célibataire, à moitié sourd, complètement alcoolique mais continue de rugir les tubes du groupe sur scène pour électriser les foules. Comme le résume avec beaucoup de sobriété ses fans du monde entier : <em>"Rock'n'roll is lemmy and lemmy is rock'n'roll"</em>. Ce moustachu clé du Hard Rock et du Heavy Metal méritait bien un rockumentaire de deux heures !

Pourquoi le voir ?
</strong> Malgré ses allures d'hagiographie, ce documentaire de fans a le mérite d'explorer en détail la face B d'une légende du Rock (ses répétitions, ses passions, ses péchés mignons) en dévoilant par la même occasion les différentes étapes de la construction d'un mythe de la pop culture. Personnage provocateur et insaisissable, mi beauf mi prophète, Lemmy se prête volontiers au jeu pour raconter avec charisme les anecdotes sulfureuses qui ont ponctué sa carrière de presque un demi-siècle au service du Rock'N'Roll.

Last Days here (2011) de Demian Fenton et Don Argott.

Qu'est-ce que c'est ?
Un documentaire sur le <strong>Bobby Lieblin</strong>g, ex- bête de scène et leader du groupe de doom <strong>Pentagram </strong>qui, la cinquantaine, vit désormais dans la cave de ses parents, se shoote au crack et se gratte jusqu'au sang pour exterminer les bestioles imaginaires qui lui rongent les chairs. Vieillard avant l'heure aux yeux exorbités, il semble tout droit sorti d'un cauchemar collectif de <strong>David Lynch</strong> et <strong>Harmony Korine</strong>. Un fan va l'aider à remonter la pente.

Pourquoi le voir ?
Malgré des présentations sans concessions avec un homme qui n'est plus que l'ombre de lui-même, Last Days Here est avant tout le témoignage d'une renaissance. A la manière d'Anvil, <strong>Bobby</strong> va traverser en solitaire un long chemin de croix Rock'N'Roll, encombré de rechutes et de coups durs, pour lutter contre ses démons intérieurs, l'addiction et ses regrets. A mesure qu'il parvient à se reprendre en main, son allure se métamorphose, son visage rajeunit et il parvient finalement à nous électriser alors qu'il remonte sur scène pour un come-back inespéré. Bref, un film de <strong>Lars Von Trier</strong> monté à l'envers.

Metalhead (2013) de Ragnar Bragason

Qu'est-ce que c'est ?
Un drame islandais qui suit le destin d'une famille dévastée par la mort brutale de son fils ainé, déchiqueté par la moissonneuse batteuse familiale. Les parents, brisés, tente de recoller les morceaux, tandis que leur fille Hera, qui a assisté au drame, hérite de la passion de son défunt grand frère pour le Metal. <strong>Judas Priest</strong>, <strong>Iron Maiden</strong> puis les pionniers du <strong>Black Metal</strong> l'aideront à surmonter son deuil et son mal être jusqu'à l'âge adulte... a moins qu'ils ne l'enferment dans la solitude.

Pourquoi le voir ?
Si <em>Metalhead</em> ne parvient pas toujours à donner corps à l'énergie primitive du Metal et à sa capacité d'évasion, il montre avec justesse son essence marginale et romantique. Hera, plus tête à claque que tête de métal ne renverra pas forcément une image très flatteuse aux esthètes maudits de la musique de la bête, même si le film tente au maximum d'éviter les clichés. Sorte de thérapie de choc, le Metal se vit ici comme un passage à l'âge adulte mais aussi comme un refuge critique face à cette belle endormie qu'est l'Islande dont la société étriquée et la solitude sont les barreaux d'une vaste prison dorée.   

Un sort pour éloigner les ténèbres (2015) de Ben Rivers et Ben Russell

<strong>Qu'est ce que c'est ?
Un OVNI, poème expérimental qui hésite entre le documentaire et la fiction et retrace le parcours d'un musicien nomade qui rejoint une communauté néo-hippie estonienne, s'isole ensuite dans les immensités finlandaises et rejoint finalement un groupe de Black Metal en Norvège. Il a été réalisé par <strong>Ben Rivers</strong> (connu pour ses documentaires expérimentaux comme Two Years at Sea) avec la complicité de l'ethnologue <strong>Ben Russell</strong>.<strong>

Pourquoi le voir ?
Voyage intérieur illuminé, provocateur par sa lenteur et l'originalité de sa forme, tantôt mystique et contemplatif, tantôt réaliste, Un sort pour éloigner les ténèbres navigue finalement très loin des clichés darks et bruyants qu'on pourrait redouter d'un film Metal. Véritable objet d'expérience à l'ambition hypnotique, il réussit la prouesse de produire les mêmes effets qu'un album de Black Metal réussi : un brin de répulsion, une bonne dose d'envoûtement et un puissant dégoût de la société moderne.

Spinal Tap, Metalhead, Un sort pour éloigner les ténèbres : 7 films pour enfin comprendre quelque chose au Metal

A l'occasion de la sortie printanière d'Un sort pour éloigner les ténèbres de Ben Rivers, voici 7 films "Metal" qui vous aideront à mieux cerner la musique du Diable. 

Bien des Metalleux vous le diront, le Metal en concert se vit comme un exutoire, une échappatoire, une thérapie de choc. Au cinéma c'est un peu pareil : le Metal, avec ses légendes et son esthétique forte, est un puissant véhicule pour explorer nos démons intérieurs et entamer une quête de soi. De Spinal Tap à Un sort pour éloigner les ténèbres, voici 7 façons de passer de l'ombre à la lumière, ou le contraire, dans de gros relents de Rock'N'Roll et une odeur de soufre.

Mathias Averty (@MathiasAverty44)