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Gary (Tahar Rahim) trouve un boulot de décontaminateur dans une centrale nucléaire. Il va tomber amoureux de Karole (Léa Seydoux), la fiancée pulpeuse de son collègue Toni (Denis Mélochet). C'est à peu près toute l'histoire de Grand Central, le deuxième long-métrage de Rebecca Zlotowski qui montre donc les nettoyeurs de l'atome après les motards fougueux de Belle épine. Sans véritable rebondissement particulier, avec son histoire d'amour adultère des plus classiques, ce n'est pas du côté de sa dramaturgie étouffante ni de ses acteurs en mode mineur (le couple Seydoux / Rahim est parfois éclipsé par le second rôle du toujours génial Olivier Gourmet) qu'il faudra chercher l'intérêt du film. Surtout qu'il se termine sur une scène au goût bien amer d'inachevé.Les lois de la radiationC'est lorsque le film traite le quotidien des décontaminateurs qu'il respire le mieux, car c'est là que Zlotowski se porte vers la mise en scène pure. La réalisatrice démontre son talent dans la fusion plutôt que dans la fission, en faisant percuter deux atomes éloignés : les accords à la Tangerine Dream de la BO (démente, elle est signée Rob de Phoenix comme celle de Belle épine) et le souci documentaire sur la vie de la centrale. En pénétrant dans le réacteur, les acteurs ne cessent de se déshabiller, de se laver, de passer des tas de scans dans un sens comme dans l'autre : pendant ces brefs passages où le style éclaire le document, la caméra est agile et le montage sec. Le film aurait dû tout entier être ainsi. Montrer jusqu'à l'explosion ces prolétaires vivant de bières et de merguez dans des mobile homes, chargés de travailler au coeur d'un réacteur dévorant et imposant comme un Moloch, plutôt que d'insister sur une histoire d'amour déjà vécue.Sylvestre PicardGrand Central est présenté dans le cadre de la sélection Un certain regard du Festival de Cannes 2013. Il sortira en salles le 28 août. Extrait :