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Lorenzo, on a du mal à s’y retrouver. C’est quoi Transformers : L'Age de l'extinction ? Une suite ? Un reboot ? Le début d’une nouvelle trilogie ?Ce n’est pas un reboot ! On a remplacé tous les acteurs de la précédente trilogie et l’histoire côté humain est radicalement différente. Mais les robots sont les mêmes et ça se passe après les événements de Chicago (la guerre entre Autobots et Decepticons a ravagé la ville dans Transformers 3 NDLR). Disons que c’est la continuation de ce qu’on a installé. Ceux qui ont vu les trois premiers seront en territoire connu. Les autres aimeront sans réserve… C’est vraiment un prototype : aucun autre film n’a jamais tenté ça. Regarde Star Wars : ils suivent sur plus de 40 ans les mêmes personnages qui vieillissent. Nous pas : excepté Optimus et Bumble Bee, c’est un nouveau chapitre.Alors à quoi doit-on s’attendre ?Le film fonctionne à trois niveaux. Il y a d’abord les hommes. Le premier Transformers racontait l’histoire classique du gamin qui veut la bagnole pour avoir la fille. Le triangle émotionnel c’était Shia, Bumble Bee et Megan Fox. Ce nouveau Transformers c’est l’histoire d’un père, de sa fille et de son petit ami. On est dans des problématiques plus adultes. Shia, on a grandi avec lui et il a fait un travail remarquable. Mais c’était un môme ; Mark, c’est un homme et ça change tout. Le deuxième enjeu c’est la relation entre le personnage de Mark et Optimus Prime.Transformers 4 est clairement le film d’Optimus : il est bien plus présent et beaucoup plus cool. Et puis il y a enfin un gros film d’aventure, monstrueux, avec beaucoup de moments spectaculaires.Le ton du film a changé du coup ?Beaucoup plus que ce qu’on pensait en commençant à écrire. On s’est laissé « dépasser » par l’histoire père/fille qui donne sa véritable émotion au film. Mark a aussi énormément apporté : en travaillant sur cet épisode, je me suis rendu compte queTransformersn’avait jamais eu d’ « action hero ». C’est normal après tout : on ne pouvait pas placer le futur du monde dans les mains d’un gamin de 26 ans. Shia, c’était le petit frère, un ressort presque comique… Mark est un type solide. Il pouvait porter des enjeux plus lourds. Avec lui, on modifiait la dynamique et on changeait de registre. Ca nous permettait aussi de rendre les hommes moins passifs.C’est plus sombre ? Sombre ? Non ! Ca reste Transformers hein !Et techniquement ? La première question qu’on s’est posée avec Michael, c’est : est-ce qu’on peut faire mieux que Transformers 3 ? Les effets spéciaux permettent de faire des trucs encore plus fous qu’avant. Les Transformers se déplacent de manière beaucoup plus fluide par exemple ; ils marchent mieux, leurs gestes sont plus souples. Les caméras 3D ont gagné en légèreté, elles sont de meilleure définition. Franchement, ça fait 25 ans que je fais ce métier. Des films spectaculaires, j’en ai vu. Mais pendant la projection, certains plans me laissaient la bouche ouverte.Vous avez changé tout le casting, vous pouviez imaginer Transformers sans Michael Bay ?  Impossible. Il est trop lié à la saga. On a changé les acteurs pour rester frais, ouvrir d’autres horizons, se réinventer tout en gardant l’ADN. Mais Michael est irremplaçable. Et si on parlait Dinobots ? Ah ah ah ! Depuis qu’on a lancé la production du premier Transformers les fans les réclamaient. Ils nous disaient : « Ramenez les Dinobots ! RAMENEZ les Dinobots ». Deux choses nous empêchaient de le faire : la technologie et l’histoire. Mettre des Dinobots dans les films juste pour le plaisir, ça aurait été du gâchis… Il fallait qu’on trouve, le moment idéal. Et puis, Michael pensait à juste titre que les CG n’étaient pas encore au point. Ce nouvel épisode c’était le moment où jamais.Et ? Qu’est-ce que c’est cool ! Ils amènent un côté chevaleresque. La scène où Optimus chevauche un dino c’est complètement fou ! C’est Le Roi Arthur ! C’est Lancelot ! Une pose classique du roman ou du film médiéval. Sauf que les chevaliers sont en métal et qu’il y a des dinosaures à la place des montures… Michael a un grand sens de l’esthétique et de l’imagerie cool. C’est instinctif chez lui. Tu demandais tout à l’heure si Transformers pouvait se faire sans lui : quand tu verras les dinobots tu auras la réponse. Seul Michael Bay pouvait faire ça !C’est drôle parce qu’après No Pain No Gain, on a l’impression que la critique a enfin pris au sérieux Michael Bay… Vous l’avez senti sur ce film ?  Ce film synthétise le cinéma de Michael. Cool, insolent, furieux, et très drôle. On théorise souvent sur les grands réalisateurs, la politique des auteurs et tout ce genre de trucs… Pour moi, la marque des grands cinéastes, c’est la capacité à rendre les choses compliquées très simples. Intelligentes et simples. C’est la grandeur de Spielberg et c’est la force de Michael. Si No Pain, No Gain lui apporte un peu cette reconnaissance… Parfait. Mais ça n’a rien changé à sa façon de travailler.Le premier Transformers est sorti il y a 7 ans. Vous trouvez qu'Hollywood a changé depuis ?  J’observe que, depuis 7 ans, l’économie d’Hollywood s’appuie de plus en plus sur le blockbuster. Trop. On a besoin d’originalité, on ne peut pas avoir que des franchises, des reboots et des suites. Mon film préféré cette année, c’est Her de Spike Jonze. Un vrai chef d’œuvre, un film très émouvant et très original. Les spectateurs ont envie de ça. Qu’on les divertisse certes, mais en leur proposant également des alternatives, des projets plus osés… J’ai bossé pendant des années à la Warner et j’ai autant appris sur Training Day que sur Harry Potter. Pareil, quand on me parle de la fin du star system… J’ai dû entendre ça des dizaines de fois. Hollywood a besoin de ses stars. S’il y a un problème aujourd’hui, c’est à mon avis un truc générationnel : quand Douglas et Schwarzie ont commencé à vieillir les gens disaient que c’était la fin des stars et de nouveaux acteurs (Tom Cruise, Brad Pitt) sont apparus. Regarde Channing Tatum, Chris Hemsworth ou Theo James (le type de Divergent) : les stars ont de beaux jours devant elles. Je ne m'en fais pas pour elles...Bande-annonce de Transformers : L'Age de l'extinction, en salles françaises le 19 juillet :