Trois drames déjà marquants à leur façon : une relation père-fille douloureuse, une agression sexuelle vécue dans le métro et un triste Noël en famille.
Aftersun, le premier film acclamé de Charlotte Wells par la critique lors du dernier festival de Cannes, puis à Deauville où il a gagné le Grand Prix, vient de sortir au cinéma. Avant de signer ce long métrage très personnel sur les dernières vacances passées entre une adolescente (Frankie Corio) et son père (Paul Mescal, en lice pour les Oscars grâce à ce rôle avant de rejoindre Gladiator 2, de Ridley Scott), la réalisatrice de 35 ans d'origine écossaise, qui vit à New York, avait déjà mis en scène trois courts métrages : Tuesday (2015), Laps et Blue Christmas (en 2017). Nous vous les présentons ci-dessous, accompagnés de liens pour les voir en VO sur le site de la réalisatrice. Notez que Mubi les propose aussi en VOST en cliquant ici.
Tuesday
Ce tout premier film traite déjà d'une relation père-fille, et comme dans Aftersun, le drame se joue par petites touches, par une succession de détails qui finissent par prendre aux tripes tant ils sonnent justes. En une dizaine de minutes seulement, la réalisatrice parvient à ce que le public s'attache à son héroïne, jouée par Megan McGill, et ce malgré le peu de dialogues développés ici. Ce film a reçu de nombreux prix dans des festivals dédiés aux courts métrages, notamment à Glasgow, à Londres et à New York.
Laps
TW agressions sexuelles : ce court peut choquer des personnes sensibles envers ce sujet difficile.
Avec Laps aussi, Charlotte Wells veut nous mettre dans la peau d'une jeune fille, nous plonger dans son esprit alors qu'elle est la victime, muette et tétanisée, d'une agression sexuelle dans le métro. A priori, rien à avoir avec Aftersun, dans lequel l'héroïne ne subit pas de traumatisme de ce genre, pourtant la réalisatrice détaille à Première qu'une réaction inattendue d'un spectateur devant ce court a participé à son envie de développer encore davantage le sujet de la dépression dans son long métrage : "C'est marrant, car lors du tout premier Q&A que j'ai fait pour Laps, un membre du public a levé la main et a demandé ce qu’il s'était passé dans le film car il pensait avoir vu quelqu'un faire un simple trajet de métro. J'étais tellement abasourdie que j'ai donné le micro à mon monteur pour qu’il réponde. J'étais complètement sidérée que quelqu’un puisse voir le film de cette façon. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai fait Laps, bien sûr, et il est finalement intéressant de voir comment le film peut être interprété de manière totalement différente. En ce qui concerne la dépression, le film (Aftersun) est tourné du point de vue de Sophie et elle ne comprend pas ce que vit Calum. Paul exprime de manière très réfléchie le fait que Calum lui-même ne comprend pas ce qui lui arrive, à part ces moments de désespoir intense. Il m'a donc semblé important de le garder un peu à distance dans le film. J’ai voulu dépeindre la dépression comme quelque chose de complexe, qui ne succombe pas nécessairement aux clichés habituels. Au début du projet, mes proches me poussaient vers quelque chose de beaucoup plus dramatique mais je m’y suis toujours opposée. Et forcément, il a fallu beaucoup de confiance pour que ce soit compréhensible pour le public et je pense que l'une des choses les plus satisfaisantes est de voir la réaction positive des spectateurs face à la manière dont j’évoque la dépression."
Blue Christmas
Il est également question de santé mentale dans ce plus long des trois courts métrages, qui suit un jeune père de famille, chargé de récolter une taxe la veille de Noël dans une petite ville britannique des années 1960. Il tente de faire face aux réactions désagréables de certains de ses interlocuteurs, et doit aussi gérer en parallèle les problèmes au sein de son propre foyer. Notamment la détresse de sa femme.
Blue Christmas est à voir sur le site Charlotte-wells.com
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