Affiches Films à l'affiche semaine du 11 décembre 2024
Warner/ Pyramide/ Tandem

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LA GUERRE DES ROHIRRIM ★★★☆☆

De Kenji Kamiyama

L’essentiel

Une aventure animée sexy et flamboyante dans la Terre du Milieu, mais qui reste trop inféodée à la trilogie de Peter Jackson pour voler de ses propres ailes.

C’est peut-être bien la bonne idée geek de l’année : tourner un spin-off du Seigneur des Anneaux façon anime. Repeindre Tolkien aux couleurs de l’animation japonaise. Nous voilà donc chez les Rohirrim, au cœur d’une intrigue à la Roi Lear entre clans différents. Des héritages et des violences ancestrales qui vont se régler à grands coups de tours de siège dans la face. Du bon viking porn, en somme, qui n’aurait certainement pas dépareillé sur Netflix entre Castlevania et Twilight of the Gods de Snyder. Sauf que nous sommes au cinéma et que le réalisateur est le grand Kenji Kamiyama, le créateur de la série télé Ghost in the Shell : Stand Alone Complex. En comparaison de celle- ci, malgré sa beauté, son rythme et ses efforts, La Guerre des Rohirrim tient plus du travail de commande. A quand de nouveaux Saroumane, de nouveaux Rohirrim, une nouvelle Terre du Milieu ? Ce ne sera pas pour cette fois. Et c’est dommage, car le film parvient donc à transformer les Rohirrim vintage en créatures sexy, rivalisant de charisme, lors de duels flamboyants et romantiques qui évoquent la puissance épique des Chroniques de la Guerre de Lodoss, pour ne citer que le plus influent des animes de fantasy.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

VINGT DIEUX ★★★★☆

De Louise Courvoisier

Totone, un ado de 18 ans, fêtard, insouciant, soudainement rattrapé par la plus tragique des réalités. La mort de son père qui va l'obliger à trouver de l'argent pour pouvoir rester vivre à la ferme avec sa petite sœur et en obtenir la garde. Et afin d’y parvenir, il va se mettre en tête de remporter le concours... du meilleur comté de la région ! Dans cette coming of age story, en parallèle de l'apprentissage de la fabrication du fromage, Totone découvre le désir et surtout l'amour physique dans les bras d'une jeune agricultrice. Ce Jura dans lequel se situe l’action, la réalisatrice Louise Courvoisier et filme la ruralité avec une rare justesse. Tourné en scope, son film a les allures d’un western, épousant ainsi l’idée de conquête d’un territoire de son héros. Mais la plus grande force de Vingt dieux et de son casting de comédiens non professionnels tous irrésistibles est qu’en dépit de tous les obstacles placés sur la route de son jeune héros, il ne se départit jamais de son aspect lumineux, joyeux, exalté. Un Petit paysan à la sauce Dumont, la foi en l'humanité en plus !

Thierry Cheze

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FOTOGENICO ★★★★☆

De Marcia Romano et Benoît Sabatier

On entre dans ce film par la grâce hirsute de Raoul (sublime Christophe Paou, jadis Inconnu du lac pour Guiraudie), père naufragé qui débarque à Marseille à la recherche des traces laissées par Agnès, sa fille morte un an plus tôt. Il se retrouve d’emblée confronté à des décors peu conformes à ce qu’il pensait. Mais de ce trompe-l’œil s’ouvre un monde sensible que Raoul accueille avec la félicité du squatteur. Le voilà au milieu de jeunes gens modernes, jadis liés par la musique mais dont l’esprit de bande s’est perdu. Raoul entend tout réparer au nom d’Agnès. Sublimes séquences d’un père cherchant l’endroit précis où sa fille a péri pour s’y allonger à son tour. Fotogenico est un film électrique, ultra-sensible mais jamais larmoyant, propre à réenchanter un cinéma français trop bien peigné.

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A AIME

LES FEMMES AU BALCON ★★★☆☆

De Noémie Merlant

Trois femmes en proie à la canicule marseillaise fantasment sur leur mystérieux voisin d’en face et tentent de le draguer. Mais l’entreprise tourne mal (c’est le moins qu’on puisse dire) et par une association de mauvaises décisions le trio doit se défendre pour sa liberté. Le deuxième long métrage de Noémie Merlant ne craint pas d’emprunter à la comédie, au drame, au thriller et même à l’horreur pour tirer une originalité déroutante. Et si Les Femmes au balcon choque, il le fait avec une confiance indiscutable. Il n’a pas peur d’être (très) gore, de côtoyer les scènes burlesques, mais reste capable de nous plonger dans un sérieux nécessaire lorsque la gravité d’une situation le demande. Car même s’il perd son spectateur par moments il brille néanmoins par l’intuition artistique de son autrice. Noémie Merlant ne semble pas dans une quête de justesse mais dans le témoignage d’une expérience féminine sans pudeur, drôle, crue et surprenante.

Bastien Assié

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SAINT- EX ★★★☆☆

De Pablo Agüero

Dans la foire aux biopics qui voit se vautrer un à un les cinéastes fonçant têtes baissées dans leurs propres décors en toc, on pensait que cet hommage à Saint- Exupery s’écraserait un peu plus vite que les autres. Les premières minutes dans un ciel de cinéma où le faux s’assumant en partie produit un enchantement presque enfantin intriguent. Une fois accepté ce pacte poétique facilité par la malice des acteurs complices du deal, on les suit où ils veulent et volent. Une fois sur le plancher des vaches, ça se gâte un peu, à défaut d’enjeux dramatiques à la hauteur du vertige promis. Mais dans les airs tout redevient possible. C’est précisément là, en suspension, que l’argentin Pablo Agüero (Les Sorcières d’Akelarre...) parvient à faire redécoller sa petite entreprise. Le cinéaste croit aux possibilités de son art et tel un aventurier des airs cherche à traquer l’horizon.

Thomas Baurez

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NOËL A MILLER’S POINT ★★★☆☆

De Tyler Thomas Taormina

Noël à Miller’s Point : le titre sonne comme celui d’un téléfilm de Noël lambda. De fait, le contexte se veut le plus ordinaire possible : un réveillon dans une famille de la classe moyenne US, avec cadeaux en pagaille au pied du sapin, dinde sur la table, gamins se goinfrant de bonbons, gentils tontons avinés, B.O. sixties sucrée. Des clichés, oui, mais mis en orbite par le regard magique de Tyler Taormina, petit prodige indé révélé par Ham on Rye. Zappant à toute allure d’un personnage à l’autre, d’un détail loufoque à une micro-épiphanie poétique, le cinéaste travaille une sorte de pointillisme fiévreux, arrachant des bribes d’éternité au quotidien le plus prosaïque, pour réfléchir à la façon dont se composent et se sédimentent les souvenirs. Son film finit par avoir la texture flottante d’une réminiscence, qui aurait surgie en un flash des tréfonds de notre propre mémoire. Ce Noël-là, c’est sûr, on l’a vécu.

Frédéric Foubert

TONY, SHELLY ET LA LUMIERE MAGIQUE ★★★☆☆

De Filip Posiva

Il y a des talents impossibles à ignorer. Inconnu chez nous jusqu’ici, le Tchèque Filip Pošivač signe son premier long, récompensé du Prix du jury Contrechamp en 2023 au festival d’Annecy. Le réalisateur a déjà tout d’un grand créateur d’univers, capable de faire oublier la prouesse de son animation en stop motion (d’une pureté assez sidérante, au point que certains passages pourraient être confondus avec des images de synthèse) pour atteindre un sens du merveilleux que seuls quelques maîtres du genre parviennent à toucher du doigt. Dans Tony, Shelly et la lumière magique, on suit Tony, 11 ans, né avec la particularité de briller comme une veilleuse. Coupé du monde, il rencontre une singulière gamine, Shelly, et tous deux vont tenter de comprendre ce que sont les mystérieuses touffes d'obscurité qui aspirent la lumière hors de leurs maisons. Un très beau conte sur l'acceptation de soi.

François Léger

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GUERILLA DES FARC : L’AVENIR A UNE HISTOIRE ★★★☆☆

De Pierre Carles

« Souviens-toi », répète Pierre Carles à son regretté beau-père et cinéaste Duni Kuzmanich. Comment le remercier d’avoir dépeint la guérilla dans son œuvre – Canaguaro notamment – autrement qu’en lui adressant un panorama sur plus de 10 ans des Forces armées révolutionnaires de Colombie, des affrontements au cessez-le-feu jusqu’au retour en 2016 des guérilleros à une vie civile pleine de désillusions ? Comment, sinon en opérant une collecte d’interviews monumentale qui se place du côté des rebelles, échappant avec adresse à la diabolisation opérée par les médias. S’il interroge des figures éminentes des FARC, de Jesus Santrich à Miguel Pascuas, c’est lorsqu’il s’entretient avec les anonymes du maquis que Pierre Carles apporte un regard neuf : face à nous s’expriment des femmes et des hommes en pleine lutte sociale et paysanne, très loin de la vision binaire imposée jusqu’ici.

Lucie Chiquer

NO NOS MOVERAN ★★★☆☆

De Pierre Saint Martin Castellanos

Socorro, une vieille avocate désordonnée, n’a qu’une obsession : retrouver le soldat qui a tué son frère soixante ans plus tôt. Filmée en noir et blanc, enfermée dans un appartement et un immeuble chaotiques, elle pourrait vite manquer d’air et nous rendre claustrophobes. Mais No nos moverán brosse le portrait d’une vieillarde aussi drôle qu’attachante entourée de personnages pittoresques et trouve dans cette quête sans répit les traits d’une comédie rayonnante.

Bastien Assié

 

Et aussi

Blood star, de Lawrence Jacomelli

Jamais sans mon psy, de Arnaud Lemort

Je ne veux plus y aller maman, de Antonio Fischetti

Le Noël de Teddy l’ourson, de Andrea Eckerbom

Les Reprises

Beyrouth fantôme, de Ghassan Salhab

La Cité de Dieu, de Fernando Mereilles