Fluctuat
Pas facile de défendre, voire parler de Transformers. Grand film américain visionnaire ou blockbuster débile, difficile de choisir. On en sort épuisé et fasciné en se disant que malgré tout, Michael Bay c'est pas n'importe qui même si souvent, c'est un peu n'importe quoi.
- Exprimez-vous sur le forum TransformersRobots 1, Humains 0. Victoire aux poings, haut la main. Facile ? C'est vrai qu'on s'en doutait un peu. Lorsqu'on a appris que Michael Bay allait adapter Transformers (premier film inspiré d'un jouet), on hésitait entre l'excitation d'un gosse et la promesse d'une grosse consternation. Le résultat penche bien sûr des deux côtés de la balance. Mais on était à la fois loin d'imaginer jusqu'où il pourrait aller. On se disait qu'avec Steven Spielberg comme producteur, peut-être que les grands élans machistes et la beauferie hyper assumée de notre ami Michael Bay seraient un peu tenus en bride. Et non ! Transformers est au-delà de toutes descriptions, Michael se lâche comme jamais, Bad Boys 2 à côté c'est un poème, un film d'auteur, une oeuvre intimiste et subtile sur la virilité.On pensait aussi que Transformers serait l'aboutissement du cinéma de Michael Bay, une sorte de consécration de son cinéma Lego, un grand prétexte à l'achèvement testostéroné d'une oeuvre où l'auteur s'amuse comme un gosse avec ses jouets qu'il lance à cent à l'heure sur une autoroute en fusion. Il y a de ça, même beaucoup, mais les moyens mis en oeuvre dépassent l'entendement. Le scénario d'abord, un chef d'oeuvre. Il mérite carrément le prix Nobel. Imaginez un peu, un peloton de militaires en mission au Qatar se fait attaquer par un robot géant. Panique au Pentagone, branle-bas de combat. Au même moment, un lycéen (Shia LaBeouf, ça s'invente pas) fait une dissertation sur son grand père, explorateur, dont il veut refourguer les reliques sur ebay. C'est un grand jour pour lui, son père lui a promis une bagnole. Là, incroyable, la voiture se trouve être un robot sympa venu sauver les humains de méchants robots voulant anéantir l'espèce humaine. Mais pour ça, ils ont besoin des reliques du grand père (on passe les détails). Heureusement le lycéen est aidé dans son incroyable aventure par une sublime babe californienne (Megan Fox, le genre poster chez le garagiste), qui en plus s'y connaît en mécanique. Trop fort, en plus le lycéen c'est limite Jésus.Ce n'est que le début, décrire le nombre incalculable de situations les plus invraisemblables les unes que les autres serait trop long (le film est d'une densité qui dépasse la raison). Le scénario dans Transformers tient du je m'en foutisme total. C'est pas con, c'est carrément débile, vulgaire, n'importe quoi (la scène où un robot pisse sur John Turturro...), ou alors trop métaphysique pour nous (l'histoire du cube). A ce degré là, on se dit que vu le concept, on s'en fout. Mais il y a des limites qui là sont franchement dépassées. Faire tenir un film sur un jeune crétin matérialiste et une babe ultra sexy qui n'a rien à dire, ça frôle le cynisme. Bon, au départ on pense presque à une version dégénérée de Christine (john carpenter), pourquoi pas. Après on se dit que finalement les humains dans tout ça, c'est secondaire, ce qui compte c'est les robots, comment créer une économie qui les rende crédibles et le plus présents possible à l'écran. Faut avouer qu'une fois l'abnégation faite du récit, sur ce terrain Michael Bay s'en sort, et même bien. C'est vrai qu'on lui en demandait pas plus.Pour accepter Transformers, il faut donc le voir comme un grand « ticket to ride » visionnaire. Un truc beauf et body buildé qui ne s'embarrasse de rien, un film décomplexé à mort qui nous donne ce qu'on était venu voir, des jouets à l'écran. Pour ça Michael Bay a tout compris. Multipliant les transformations des robots et les morceaux de bravoure, les scènes d'action deviennent d'une complexité folle. L'oeil n'a pas le temps de saisir la somme incroyable de détails qui parsèment chaque machine, c'est un grand maelström de mécanique humanisée et érotisée, une vision fantasmatique et délirante à la lisière de l'expérimental. Le final, grande bataille des bons et des méchants réunis en ville parce que ça a plus de gueule, en devient alors fascinant. Bay y développe une incroyable capacité de maîtrise de ses moyens par laquelle le film touche enfin son but. Il réduit l'homme à la taille d'un insecte qu'il ensevelit sous une tonne de métal et de béton. Les machines ont pris le pouvoir, le cinéma n'a plus besoin de l'homme, les robots en images de synthèse sont mille fois plus passionnants. Bay se transformant en esthète de l'apocalypse, sorte de prophète de l'humanité et de l'état du blockbuster hollywoodien qu'il replie sur lui-même, ses propres désirs, ses excès, qu'il projette dans un inconscient dont il nous tend l'image. Rien que pour ça, on peut avoir un minimum d'estime pour Transformers. Transformers
De Michael Bay
Avec Shia LaBeouf, Megan Fox, John Turturro, Tyrese Gibson
Sortie en salles le 25 juillet 2007© Paramount Pictures
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Le Monde
par Jacques Mandelbaum
Un gentil adolescent et sa petite amie, épaulés par l'armée américaine, sont requis par ce scénario inepte, où la surenchère technologique et la profusion d'adrénaline ont pris le pas sur toute autre considération.
Télérama
par Louis Guichard
Produit par Spielberg, réalisé par Michael Bay, le film tient de ses deux papas. Il singe la fibre sentimentalo-comique de E.T. et dégaine les armes de destruction massive d’Armageddon. Et comme le spectacle d’une mégalopole éventrée par des combats de titans devient banal à force de progrès des effets spéciaux, Transformers fait le forcing séducteur par le versant de la comédie teenage. (...) Malgré la fraîcheur ostentatoire de son héros, voilà le film d’une Amérique repliée sur ses vieux fétiches polluants. Et il n’y aura toujours aucun robot-vélo dans Transformers 2.