Someone you love

Que serait devenue cette histoire de chanteur cannibalisé par ses démons intérieurs et contraint de recueillir le gamin de sa soeur décédée si elle avait atterri entre d'autres mains ? Un festival de pathos, d’effets tire-larmes, de situations jouées d'avance... C’est au contraire un petit miracle de contrôle, d’audace et de maturité qui opère ici. Chaque geste, chaque mot, chaque transition musicale (du niveau d’un Leonard Cohen, carrément) impose sa nécessité, et lorsque l’émotion survient, elle nous saisit sans jamais perdre sa dignité.

Pernille Fischer Christensen trace à son personnage un beau chemin de retour, grave et net. Sa mise en scène a un dépouillement raffiné, tout scandinave.

La fin est entendue, mais les chemins qui y mènent sont imprévisibles. Aucune scène facile. L'élégance de la mise en scène et le charisme brut de Mickael Persbrandt, avec sa voix à la Leonard Cohen, en font une oeuvre délicate.

Porté par le charismatique acteur suédois Mikael Persbrandt qui n'a pas hésité à donner de la voix pour devenir une rock star crédible, "Someone You Love" s'accorde au rythme de ces mélodies folk qui jalonnent le récit pour lui insuffler ce spleen scandinave au charme discret.

Le film aurait pu afficher des ambitions plus élevées de mise en scène et d'écriture. On se contentera de sa petite musique, plutôt séduisante

Le scénario réserve de bonnes surprises. La confrontation entre l'artiste maudit et son petit-fils, bien innocent, se joue dans une dureté qui échappe aux conventions. Et leur rapprochement fait résonner une émotion à la fois pudique et remuante.

Le film est dur mais jamais étouffant. Si les drames bien écrits vous chantent, c'est une partition très honnête.

Un drame sensible, déli­cat, qui traite de la diffi­culté de vivre, de lutter contre ses démons, tout en portant l’es­poir d’un amour salva­teur qui surgit là où on ne l’at­tend pas.

La découverte tourne bientôt à la cohabitation forcée entre cet enfant innocent et ce grand-père rebelle, menant le film sur un chemin un peu attendu. Et pourtant, l’émotion l’emporte et ce chanteur à la Leonard Cohen nous touche au cœur.

Difficile de porter un jugement d’ensemble sur le film, tant il est inégal ; disons que sur un sujet casse-gueule, prévisible et fade, la réalisatrice parvient, par la grâce de quelques moments de pure mise en scène, à sauver l’entreprise de la banalité.

"Someone You Love" croule sous les poids des intentions et des clichés avec sa rock star en déclin, ses phrases toutes faites sur le sens de la vie et du rock n'roll. Reste une honnêteté dans l'exécution.