Toutes les critiques de La Fille Coupée En Deux

Les critiques de Première

  1. Première
    par Eve Gimenez

    La fille coupée en deux (Ludivine Sagnier) est « partagée » entre son amour pour un écrivain pervers beaucoup plus âgé qu’elle et un mariage avec un milliardaire schizophrène. Le film s’ouvre sur un air d’opéra de Puccini et plonge d’emblée le spectateur dans un univers romantique. Tel l’illusionniste avec son public, Chabrol joue avec les spectateurs en alternant fausses pistes et vrais indices. L’atmosphère sexuelle qui se met peu à peu en place semble livrer une clé au spectateur sur la suite de cette histoire d’amour. Mais la réalité dénuée de romantisme prend rapidement le dessus. Comme un tour de magie, univers évoqué par le titre, le film est bluffant !

  2. Première
    par Sophie Grassin

    Dans La fille coupée en deux, Claude Chabrol semble fouler ses thèmes habituels: la médiocrité de la télévision; les bassesses d'une bourgeoisie prête à tout pour préserver sa réputation; la répulsion puritaine du sexe, trait commun à tous les assassins si souvent incarnés par Michel Bouquet. Mais le cinéaste y ajoute aussi des coquineries. Livre une réflexion sur les mères, comme La fleur du mal s'interrogeait sur les pères: la plus parfaite d'entre elles ne provoque-t-elle pas involontairement la catastrophe annoncée? Et signe un film soigné et amer sur la dictature des apparences et l'attraction de la notoriété, élues valeurs montantes par nos sociétées larguées.

Les critiques de la Presse

  1. Le JDD
    par Carlos Gomez

    Le cas aujourd'hui de Claude Chabrol, qui, avec cette Fille coupée en deux, signe sans conteste un des meilleurs films de sa déjà longue carrière. Quel joli film, l'histoire de cette fille écartelée entre un amant qui la bafoue et un amoureux qui l'embarasse. Basée sur des faits réels, c'est l'oeuvre d'un maître. Sur la forme comme sur le fond: rien de trop. Mais rien ne manque.

  2. Télérama
    par Louis Guichard

    Au-delà de cette tragi-comédie hyperréaliste, c’est bien la trajectoire de Gabrielle, fausse ambitieuse, vraie amoureuse, qui passionne le cinéaste et emmène le film ailleurs. Mystérieuse par sa transparence même, elle n’a rien à cacher. Et pourtant elle n’est pas du tout ce qu’elle semblait être, une petite allumeuse arriviste.

  3. Le Monde
    par Thomas Sotinel

    Dans la mise en scène de la folie et de la vulnérabilité de Paul Gaudens, Chabrol met toute l'économie de ses moyens, faisant apparaître à ses côtés un "ami" chargé de prévenir les pires de ses excès. Cette ombre serviable est à peine suggérée, sa position dans le cercle familial des Gaudens (dans le rôle de la mère, Caroline Silhol est terrifiante, fragile et blessante comme du verre brisé) n'est jamais expliquée, mais elle suffit à ouvrir des abîmes dès que le personnage entre dans le champ. (...) Malgré ces emprunts, La Fille coupée en deux laisse une impression de vigueur, presque d'urgence. Sans doute parce que Chabrol s'est laissé distraire de ses obsessions par l'irruption d'une jeune femme au talent et au courage hors du commun.

  4. Pariscope
    par Arno Gaillard

    François Berléand en romancier tordu nous convainc, Ludivine Sagnier en jolie colombe vierge de pas grand-chose nous émeut et Benoît Magimel en milliardaire torturé, agressif et malade nous fait peur. Magimel qui semble se régaler avec ce personnage. On devine aisément une réelle complicité entre le cinéaste et son acteur. Une chose est sûre, les deux compères s’amusent et prennent du plaisir à être ensemble sur un plateau de tournage, cela se voit. Grande création d’acteur que ce personnage de Paul Gaudens. Ce nouveau cru chabrolien est.à consommer de toute urgence. Ne vous coupez pas les cheveux en quatre, laissez-vous faire, laissez-vous manipuler par le maître Chabrol sur son film perché tenant en son bec une énigme.

  5. Elle
    par Françoise Delbecq

    Inspiré d'un fait divers, le nouveau Chabrol déçoit un peu. Pourtant, tous les ingrédients y sont: peinture au vitriol du milieu bourgeois, meurtres, fausse morale... Malgré une interprétation irréprochable, on peine à s'attacher à ce drame.

  6. Paris Match
    par Alain Spira

    Si l'on reconnaît la patte du maître et la qualité de ses ingrédients, on a du mal à digérer ce scénario décalé mais insuffisamment décapant. Il en émane une théâtralité appuyée par le jeu outré de Magimel en fils à papa dandy et dindon de la farce. Du coup, comme dans un cocktail de sous-préfecture, on ne fait que picorer ce qu'il y a de bon à prendre, sans s'ennuyer, mais sans se régaler.

  7. Télé 7 jours
    par Viviane PESCHEUX

    En ciblant un monde en trompe-l'oeil, Claude Chabrol joue sa partition sur un mode mineur. Mais, avec un acteur majeur : Benoît Magimel. Mèche péroxydés, costume près du corps, gestuelle saccadée, il ose la caricature. Et sa composition de gosse de riche névrosé est aussi drôle qu'inquiétante.

  8. Fluctuat

    Il arrive parfois un moment où le satiriste devient sa propre caricature. Avec La fille coupée en deux Chabrol a franchi ce cap. Ressassant ses thèmes déjà vus ailleurs et en mieux, il commence presque à ressembler à ce qu'il a toujours critiqué, un bourgeois.
    - Exprimez-vous sur le forum La fille coupée en deuxLa sortie d'un Chabrol en août, méfiance. On sait bien que l'été n'empêche plus depuis longtemps Hollywood de sortir l'artillerie lourde, mais eux ont de l'expérience et c'est pas trop la crème promise aux Oscars qu'ils balancent. Un Chabrol estival, bizarre donc, pas trop le genre à faire le poids contre les robots body buildés de Michael Bay. Justement c'est plutôt le KO technique, on avait raison d'avoir des doutes. La sénilité est proche, notre ami Claude radote, c'est pas nouveau, mais là il radote beaucoup. L'ambiance n'est pas à l'oraison funèbre (faut pas pousser), mais plutôt sur le déclin d'une pente qu'on descend à l'aveugle, un peu trop sûr de soi. Pour son soixante-neuvième film notre ancien hitchcoko-hawksien tourne tellement sur ses acquis qu'il en ressort une flemme plus proche de l'engourdissement que de la détente.Dans La Fille coupée en deux, tout respire un peu le rance, genre bonbon pâteux servi par un grand père ressassant pour la trentième fois la même histoire. C'est la sempiternelle ritournelle crypto-marxiste de la bourgeoisie provinciale (ici vaguement teintée d'aristocratie très finissante) contre la nouvelle bourgeoisie, jeune, médiatique, et parfaitement stupide. Un jeu de massacre où les classes sont renvoyées dos à dos, où l'hypocrisie règne, où l'argent est souvent sale et les secrets toujours cachés derrière la porte. Dans ce petit monde, Gabrielle (Ludivine Sagnier, pour ceux qui aiment, pour les autres, courage) fait la miss météo d'une chaîne lyonnaise. Elle tombe raide dingue d'un romancier libertin (Berléand) qui lui fait goûter aux joies de l'échangisme tout en lui promettant l'amour, lâchement, sans divorcer évidemment. Alors qu'il l'abandonne, délaissée, elle se raccroche par dépit à un deuxième homme qui lui promet amour, argent et mariage. Un rentier (Magimel, comique), sorte de dandy névrosé, limite psychopathe, qui pour une raison inconnue hait l'autre, encore plus lorsqu'il apprend qu'il a été l'amant de Gabrielle, qu'elle n'arrive pas à oublier, genre l'amour de sa vie. D'où grosses tensions et soudain le drame.Une femme, deux amants, l'amour et le sexe contre l'argent et une situation, un titre (La fille coupée en deux), l'équation est vite calculée, la métaphore trouvée. Façon sexy Petit chaperon rouge égaré dans un monde pervers et corrompu où les faux-semblants sont partout, Chabrol veut donc tirer une nouvelle fois sur ses cibles favorites tout en ajoutant un vague climat érotique. Sauf qu'on frise l'écoeurement (ou l'aphasie, au choix), même la fausseté ou les constants décalages (jeu des acteurs, musique atonale, coupes brusque de montage) ont du mal à justifier une rhétorique surlignée. On voit bien qu'il s'agit avant tout d'un théâtre grotesque où si les bourgeois sont si caricaturaux ce n'est pas sans raison. Chabrol filme des personnages grossiers parce que leur image et l'image qu'ils ont d'eux-mêmes et du monde est une caricature. De la modeste libraire au patron télé en passant par d'obscurs cadres habitués des maisons closes ou des membres d'une famille bourgeoise, c'est un festival de masques, un vrai théâtre d'illusion sur lequel tente littéralement de se boucler le film. Mais trop tard, on a déjà lâché l'affaire. La Fille coupée en deux
    Un film de Claude Chabrol
    Avec Ludivine Sagnier, François Berléand, Benoît Magimel, Mathilda May et Edouard Baer
    Sortie en salles le 11 juillet 2007

    [Illustrations : © Wild Bunch Distribution]

  9. Le JDD
    par Barbara Théate

    Tout sonne faux dans cette satire sociale qui ne se révèle jamais vraiment mordante: les dialgues semblent d'un autre âge, les personnages, creux, sombrent immanquablement dans la caricature. L'action se traîne, le propos reste fumeux, la réalisation figée et laborieuse... Bref on s'ennuie vite.