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Starr, scolarisée dans un lycée privé (et seule Noire au milieu de Blancs de bonne famille), est confrontée à la mort de son ami d’enfance, flingué par un flic blanc. Alors que son quartier s’enflamme, on lui demande de témoigner au procès du policier, ce qui provoque la colère du gang de dealers locaux (dont faisait partie la victime). Empruntant son titre à un morceau de 2Pac (The hate U give little infants fucks everyone, formant l’acronyme thug life), The hate U give choisit la voie de la pédagogie et du bon sens pour canaliser la colère née du racisme. Et pour tracer le beau portrait d’une jeune fille qui s’éveille à la politique, héritière d’une génération violente (le meilleur rôle du film étant tenu par Russell Hornsby, dément dans le rôle du papa poule, ex-membre d’un gang). Le film réalise joliment son programme imparable, presque trop sagement, préférant l’éducation à la crémation de bagnoles. Passé inaperçu aux États-Unis (problème marketing ou les drames politiques sont-ils destinés à passer sous le radar à l’ère Trump ?), il s’inscrit aussi, en creux, dans une mythologie rap : George Tillman Jr avait consacré un biopic au rappeur Notorious B.I.G. dans lequel le rôle de Tupac Shakur était tenu par Anthony Mackie, ici génial dans la peau d’un chef de gang implacable. On se met alors à rêver au film sur 2Pac qu’aurait pu faire Tillman...