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Claire Chazal face aux lecteurs de Télé 7 Jours

<strong>Vingt ans qu?elle présente le JT. Un peu tendue lorsqu?elle est arrivée dans nos locaux, Claire Chazal s?est vite prise au jeu des questions-réponses face à dix lecteurs. Sans langue de bois ni retenue. Une vraie pro !</strong><strong>Par Emmanuel Ducasse (Pour Télé 7 Jours)</strong><strong>Anne-José : Allez-vous fêter à l?antenne vos vingt ans de journaux télévisés sur la Une ?</strong>Non. Ce sera le 16 août et je serai en vacances. Mais peut-être qu?à la rentrée, je ferai quelque chose à la rédaction de TF1. Vingt ans, ce n?est pas rien. C?est à la fois long et court. Je n?ai pas vu le temps passer.<strong>Marine : Quelles évolutions avez-vous perçues dans le JT, depuis deux décennies ?</strong>J?ai appris des métiers différents, puisque j?ai d?abord travaillé sept ans en presse écrite. Je suis arrivée à la télévision par hasard, en 1988, sur Antenne 2. J?ai fait du reportage économique, avant de présenter le JT de <em>23 heures</em> à partir de 1990. Je me suis épanouie dans cet exercice et TF1 m?a débauchée l?année suivante. Évidemment en vingt ans, le PAF a changé : multiplication des chaînes, apparition des canaux tout info. Et Internet est devenu un concurrent de poids. Pour maintenir notre avance à TF1, nous devons faire des journaux irréprochables. <strong>Nicolas : Je trouve les JT de TF1 assez lisses dans le ton. Or début septembre, Laurence Ferrari a interviewé avec ténacité le ministre du travail Éric Woerth. Et le 17 octobre, c?est vous qui avez été plus rentre-dedans qu?à l?ordinaire, face à François Fillon. Avez-vous eu cette impression-là ?</strong>L?interview d?un politique n?est pas un exercice facile. L?entretien avec le Premier ministre a duré douze minutes, ce qui est long au 20 heures. Nous avons réalisé un beau score de neuf millions de téléspectateurs. J?ai pu aborder toutes les questions que je souhaitais lui poser sur le conflit social en cours. Il était tendu et moi aussi. Mais j?ai essayé de ne pas le laisser dérouler un discours formaté. J?ai le sentiment d?évoluer, d?être peut-être plus?<strong>Nicolas : ? punchy ?</strong>Oui, et d?assumer psychologiquement le rapport de force sous-jacent à une interview. Laurence est plus pugnace que moi, elle a toujours été très bonne dans le face-à-face avec un politique. Nous avons chacune notre style. En tout cas, je n?ai pas le sentiment de faire des journaux mous ou complaisants vis-à-vis du gouvernement. <strong>Roland : Avez-vous soumis vos questions à Matignon, avant de recevoir François Fillon ?</strong>Ah non ! Nous nous sommes juste téléphoné. Il m?a dit : « J?espère qu?on parlera surtout de la crise et peu du futur remaniement. » Ce à quoi j?ai répondu : « On ne pourra pas éviter cette question-là. »<strong>Roland : Pourtant, on a l?impression que les politiques viennent réciter à la télé, les fiches posées devant eux, comme si tout était convenu d?avance.</strong>Je vous le réaffirme : François Fillon ne connaissait pas mes questions. C?est vrai que, malheureusement, il a fait des réponses trop techniques.<strong>Roland : Oui, ça faisait trop préparé, c?est énervant !</strong>Je comprends votre sentiment. Ce n?est pourtant pas moi qui entraîne le Premier ministre pour ses passages à la télé !<strong>Anne-José : Qui vous parle dans l?oreillette dans ces moments-là ?</strong>C?est la chef d?édition, Chantal X. Elle n?intervient que pour me donner le décompte du temps. <strong>Anne-José :</strong> <strong>Vous êtes proche de certains politiques. Cette promiscuité n?entache-t-elle pas votre objectivité de journaliste ?</strong>J?ai démarré dans le journalisme à peu près en même temps que certains débutaient leur carrière politique, à gauche comme à droite. François Hollande, François Fillon sont de ma génération d?une certaine façon. Donc oui, nous avons noué des liens. Pour Martine Aubry, j?ai une amitié personnelle parce que je connaissais son père et son frère? Mais, une fois sur un plateau de télévision, on oublie tout ça.<strong>Emmanuel Pe. :</strong> <strong>Je trouve normal que</strong> <strong>Béatrice Schönberg ait abandonné le 20 heures de France 2 en 2007, car elle était l?épouse de Jean-Louis Borloo, alors ministre de l?emploi et soutien de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle?</strong>Je ne suis pas d?accord avec vous ! Je ne comprends pas pourquoi elle a dû partir. De même pour Anne Sinclair qui a quitté l?antenne de TF1 en 1997 quand Dominique Strauss-Kahn est devenu ministre de l?économie. Ce sont des journalistes sérieuses, hyper professionnelles, qui peuvent exercer leur métier en toute indépendance.<strong>Nicolas : Vous avez embrassé Rama Yade, secrétaire d?Etat chargée des sports, durant le générique de fin de la soirée de TF1 pour les régionales 2010. Cela a fait beaucoup de buzz sur le web?</strong>Je côtoie depuis longtemps certaines figures de la politique, Elisabeth Guigou, Roselyne Bachelot. Je les salue en les embrassant. C?est vrai, j?ai été très maladroite de faire la bise à Rama Yade alors que l?antenne était encore ouverte. C?était dans un élan spontané. <strong>Anna : Quel est votre meilleur souvenir d?interview au JT ?</strong>Les rencontres avec les artistes sont souvent agréables. Par exemple avec l?acteur Jim Carrey faisant le clown en janvier dernier. Un vrai moment de plaisir. Devant <strong>Emmanuel Pr. : Et votre pire souvenir ? </strong> Le suicide de Pierre Bérégovoy, le samedi 1er mai 1993 à Nevers. Sa mort brutale m?a choquée car je le connaissais personnellement. Nous avons eu l?information vers 19h30 par la préfecture de la Nièvre et le palais de l?Elysée. Il a fallu bâtir un JT à toute allure. J?ai pris l?antenne en annonçant sa disparition et, à 20h07, Matignon a publié un communiqué selon lequel l?ancien Premier ministre ne serait pas cliniquement mort. J?ai dû à ce moment-là rétropédaler et dire : « Une autre source nous indique que Pierre Bérégovoy se trouverait encore entre la vie et la mort? » J?ai ramé !<strong>Anna : Masquer votre émotion, cela doit être difficile, non ?</strong>Il y a des jours où, comme tout le monde, je peux être fatiguée, triste ou inquiète. Cela ne doit pas transparaître. Je me bats contre moi-même et j?ai remarqué que ça pouvait donner un meilleur JT. À l?inverse, d?autres jours, je suis sereine, le JT se déroule bien, mais le résultat final est un peu fade. Mon équipe me lance même : « Tu n?étais pas dedans aujourd?hui ! »<strong>Jean-Claude : Que pensez-vous du JT rival de France 2 ?</strong>Je le suis d?un ?il sur un petit écran de contrôle pour voir le déroulé des sujets. Nos journaux sont proches. C?est normal : TF1 et France 2 sont deux chaînes généralistes qui ont vocation à toucher le plus grand nombre. Laurent Delahousse reçoit peut-être plus d?invités en plateau que moi. Il traite plus de politique et d?économie, quand nous abordons davantage les faits de société. Nous sommes à la fois concurrents et amis.<strong>Jacqueline : Allez-vous continuer le JT encore longtemps ?</strong>Si cela est possible, oui, parce que ça me passionne. <strong>Roland : Vous préféreriez choisir le moment de votre départ ?</strong>J?aimerais l?organiser, mais la décision reviendra à la direction de TF1 quand les audiences ne la satisferont plus. Je ne serai sans doute pas maîtresse du timing. J?espère ne pas le subir trop violemment. <strong>Jean-Claude : Qu?avez-vous pensé de l?éviction de Patrick Poivre d?Arvor du </strong><strong>20 heures</strong><strong> de la Une en 2008 ? </strong> Il a été remercié brutalement. J?ai trouvé cela injuste et j?en ai été attristée. Patrick dominait vraiment le paysage audiovisuel, en termes de professionnalisme et de culture personnelle. <strong>Jean-Claude : Voit-il souvent votre fils ?</strong>Oui, bien sûr. Lui et François, 15 ans, partagent une relation belle et forte, depuis toujours.<strong>Emmanuel Pr. : Etes-vous une femme comblée ?</strong>Bah, je vais plutôt pas mal ! Bon, il y a l?âge, mais on vieillit tous. <strong>Emmanuel Pe. : Avez-vous le sentiment d?avoir un statut de star ?</strong>De personnage public, c?est certain. Les gens ont le sentiment que je viens les voir chez eux, le week-end, via leur téléviseur. Donc une certaine proximité s?est installée entre nous. La notoriété reste quelque chose d?agréable en dépit des intrusions de la presse people.<strong>Anne-José : Menez-vous une existence normale ?</strong>Absolument, même si je suis une grande privilégiée habitant au centre de Paris, avec du temps libre et des moyens. Je m?occupe de mon fils. Il est en seconde. Je surveille de près ses devoirs. Je vois aussi mes amis, comme Marc-Olivier Fogiel. Et je sors au théâtre et à l?opéra. Pour m?entretenir, je pratique la gym et la danse. Quand je reste à la maison, je lis beaucoup : Laurent Gaudé, Jean Echenoz, Modiano, Le Clézio?<strong>Jacqueline : Depuis 2004, vous faites des lectures publiques d?auteurs. Est-ce un loisir ou bien une future reconversion ? </strong> J?avais envie d?aborder le théâtre, non pas en jouant, ce n?est pas mon métier, mais en lisant des textes. C?est ce que je fais au JT avec les lancements que je rédige. Sur scène, je suis dans le registre littéraire et sentimental. C?est à la fois un plaisir et une peur, car cette fois je suis face à un public. Rien à voir avec le cocon du plateau du JT. Je perçois le silence des gens ou leur attention qui se relâche. Je dois alors les reconquérir, en jouant sur les ruptures de rythme.<strong>Nicolas : Vous êtes tournée vers la culture exigeante, alors que l?offre de la Une dans ce registre est catastrophique !</strong>TF1 est une chaîne généraliste qui véhicule la culture populaire. Je n?ai rien contre ça. Tous les programmes ne recoupent pas mes centres d?intérêt personnels, c?est vrai. Pourtant, dans mes JT, je ne crois pas faire de concessions intellectuelles, ni culturelles. <strong>Anna : Si vous étiez à la tête d?une chaîne de télé, que proposeriez-vous ?</strong>Je ne me suis jamais posé la question. Voyons, voyons. Il y aurait du cinéma, de la bonne variété française, des reportages, un rendez-vous littéraire. Comme animateurs, il y aurait un Frédéric Taddeï, un Michel Field, un Patrick Poivre d'Arvor, une Anne Sinclair. Donc, ce ne serait pas une chaîne grand public.<strong>Emmanuel Pr. : Quel est votre plus grand regret ?</strong>Je n'ai pas beaucoup de regrets. J'ai eu la chance de faire ce que je souhaitais faire. Mais, peut-être, ne pas avoir développé suffisamment une expression artistique. J?ai fait de la danse, mais pas suffisamment et je n?ai pas appris la musique. J'aurais adoré avoir ces talents-là.<strong>Par Emmanuel Ducasse (Pour Télé 7 Jours)</strong>

Vingt ans qu’elle présente le JT. Un peu tendue lorsqu’elle est arrivée dans nos locaux, Claire Chazal s’est vite prise au jeu des questions-réponses face à dix lecteurs. Sans langue de bois ni retenue. Une vraie pro !Par Emmanuel Ducasse (Pour Télé 7 Jours)Anne-José : Allez-vous fêter à l’antenne vos vingt ans de journaux télévisés sur la Une ?Non. Ce sera le 16 août et je serai en vacances. Mais peut-être qu’à la rentrée, je ferai quelque chose à la rédaction de TF1. Vingt ans, ce n’est pas rien. C’est à la fois long et court. Je n’ai pas vu le temps passer.Marine : Quelles évolutions avez-vous perçues dans le JT, depuis deux décennies ?J’ai appris des métiers différents, puisque j’ai d’abord travaillé sept ans en presse écrite. Je suis arrivée à la télévision par hasard, en 1988, sur Antenne 2. J’ai fait du reportage économique, avant de présenter le JT de 23 heures à partir de 1990. Je me suis épanouie dans cet exercice et TF1 m’a débauchée l’année suivante. Évidemment en vingt ans, le PAF a changé : multiplication des chaînes, apparition des canaux tout info. Et Internet est devenu un concurrent de poids. Pour maintenir notre avance à TF1, nous devons faire des journaux irréprochables. Nicolas : Je trouve les JT de TF1 assez lisses dans le ton. Or début septembre, Laurence Ferrari a interviewé avec ténacité le ministre du travail Éric Woerth. Et le 17 octobre, c’est vous qui avez été plus rentre-dedans qu’à l’ordinaire, face à François Fillon. Avez-vous eu cette impression-là ?L’interview d’un politique n’est pas un exercice facile. L’entretien avec le Premier ministre a duré douze minutes, ce qui est long au 20 heures. Nous avons réalisé un beau score de neuf millions de téléspectateurs. J’ai pu aborder toutes les questions que je souhaitais lui poser sur le conflit social en cours. Il était tendu et moi aussi. Mais j’ai essayé de ne pas le laisser dérouler un discours formaté. J’ai le sentiment d’évoluer, d’être peut-être plus…Nicolas : … punchy ?Oui, et d’assumer psychologiquement le rapport de force sous-jacent à une interview. Laurence est plus pugnace que moi, elle a toujours été très bonne dans le face-à-face avec un politique. Nous avons chacune notre style. En tout cas, je n’ai pas le sentiment de faire des journaux mous ou complaisants vis-à-vis du gouvernement. Roland : Avez-vous soumis vos questions à Matignon, avant de recevoir François Fillon ?Ah non ! Nous nous sommes juste téléphoné. Il m’a dit : « J’espère qu’on parlera surtout de la crise et peu du futur remaniement. » Ce à quoi j’ai répondu : « On ne pourra pas éviter cette question-là. »Roland : Pourtant, on a l’impression que les politiques viennent réciter à la télé, les fiches posées devant eux, comme si tout était convenu d’avance.Je vous le réaffirme : François Fillon ne connaissait pas mes questions. C’est vrai que, malheureusement, il a fait des réponses trop techniques.Roland : Oui, ça faisait trop préparé, c’est énervant !Je comprends votre sentiment. Ce n’est pourtant pas moi qui entraîne le Premier ministre pour ses passages à la télé !Anne-José : Qui vous parle dans l’oreillette dans ces moments-là ?C’est la chef d’édition, Chantal X. Elle n’intervient que pour me donner le décompte du temps. Anne-José : Vous êtes proche de certains politiques. Cette promiscuité n’entache-t-elle pas votre objectivité de journaliste ?J’ai démarré dans le journalisme à peu près en même temps que certains débutaient leur carrière politique, à gauche comme à droite. François Hollande, François Fillon sont de ma génération d’une certaine façon. Donc oui, nous avons noué des liens. Pour Martine Aubry, j’ai une amitié personnelle parce que je connaissais son père et son frère… Mais, une fois sur un plateau de télévision, on oublie tout ça.Emmanuel Pe. : Je trouve normal que Béatrice Schönberg ait abandonné le 20 heures de France 2 en 2007, car elle était l’épouse de Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’emploi et soutien de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle…Je ne suis pas d’accord avec vous ! Je ne comprends pas pourquoi elle a dû partir. De même pour Anne Sinclair qui a quitté l’antenne de TF1 en 1997 quand Dominique Strauss-Kahn est devenu ministre de l’économie. Ce sont des journalistes sérieuses, hyper professionnelles, qui peuvent exercer leur métier en toute indépendance.Nicolas : Vous avez embrassé Rama Yade, secrétaire d’Etat chargée des sports, durant le générique de fin de la soirée de TF1 pour les régionales 2010. Cela a fait beaucoup de buzz sur le web…Je côtoie depuis longtemps certaines figures de la politique, Elisabeth Guigou, Roselyne Bachelot. Je les salue en les embrassant. C’est vrai, j’ai été très maladroite de faire la bise à Rama Yade alors que l’antenne était encore ouverte. C’était dans un élan spontané. Anna : Quel est votre meilleur souvenir d’interview au JT ?Les rencontres avec les artistes sont souvent agréables. Par exemple avec l’acteur Jim Carrey faisant le clown en janvier dernier. Un vrai moment de plaisir. Devant les stars américaines, je suis comme une petite fille. Je les admire et je les trouve très professionnelles.Emmanuel Pr. : Et votre pire souvenir ? Le suicide de Pierre Bérégovoy, le samedi 1er mai 1993 à Nevers. Sa mort brutale m’a choquée car je le connaissais personnellement. Nous avons eu l’information vers 19h30 par la préfecture de la Nièvre et le palais de l’Elysée. Il a fallu bâtir un JT à toute allure. J’ai pris l’antenne en annonçant sa disparition et, à 20h07, Matignon a publié un communiqué selon lequel l’ancien Premier ministre ne serait pas cliniquement mort. J’ai dû à ce moment-là rétropédaler et dire : « Une autre source nous indique que Pierre Bérégovoy se trouverait encore entre la vie et la mort… » J’ai ramé !Anna : Masquer votre émotion, cela doit être difficile, non ?Il y a des jours où, comme tout le monde, je peux être fatiguée, triste ou inquiète. Cela ne doit pas transparaître. Je me bats contre moi-même et j’ai remarqué que ça pouvait donner un meilleur JT. À l’inverse, d’autres jours, je suis sereine, le JT se déroule bien, mais le résultat final est un peu fade. Mon équipe me lance même : « Tu n’étais pas dedans aujourd’hui ! »Jean-Claude : Que pensez-vous du JT rival de France 2 ?Je le suis d’un œil sur un petit écran de contrôle pour voir le déroulé des sujets. Nos journaux sont proches. C’est normal : TF1 et France 2 sont deux chaînes généralistes qui ont vocation à toucher le plus grand nombre. Laurent Delahousse reçoit peut-être plus d’invités en plateau que moi. Il traite plus de politique et d’économie, quand nous abordons davantage les faits de société. Nous sommes à la fois concurrents et amis.Jacqueline : Allez-vous continuer le JT encore longtemps ?Si cela est possible, oui, parce que ça me passionne. Roland : Vous préféreriez choisir le moment de votre départ ?J’aimerais l’organiser, mais la décision reviendra à la direction de TF1 quand les audiences ne la satisferont plus. Je ne serai sans doute pas maîtresse du timing. J’espère ne pas le subir trop violemment. Jean-Claude : Qu’avez-vous pensé de l’éviction de Patrick Poivre d’Arvor du 20 heures de la Une en 2008 ? Il a été remercié brutalement. J’ai trouvé cela injuste et j’en ai été attristée. Patrick dominait vraiment le paysage audiovisuel, en termes de professionnalisme et de culture personnelle. Jean-Claude : Voit-il souvent votre fils ?Oui, bien sûr. Lui et François, 15 ans, partagent une relation belle et forte, depuis toujours.Emmanuel Pr. : Etes-vous une femme comblée ?Bah, je vais plutôt pas mal ! Bon, il y a l’âge, mais on vieillit tous. Emmanuel Pe. : Avez-vous le sentiment d’avoir un statut de star ?De personnage public, c’est certain. Les gens ont le sentiment que je viens les voir chez eux, le week-end, via leur téléviseur. Donc une certaine proximité s’est installée entre nous. La notoriété reste quelque chose d’agréable en dépit des intrusions de la presse people.Anne-José : Menez-vous une existence normale ?Absolument, même si je suis une grande privilégiée habitant au centre de Paris, avec du temps libre et des moyens. Je m’occupe de mon fils. Il est en seconde. Je surveille de près ses devoirs. Je vois aussi mes amis, comme Marc-Olivier Fogiel. Et je sors au théâtre et à l’opéra. Pour m’entretenir, je pratique la gym et la danse. Quand je reste à la maison, je lis beaucoup : Laurent Gaudé, Jean Echenoz, Modiano, Le Clézio…Jacqueline : Depuis 2004, vous faites des lectures publiques d’auteurs. Est-ce un loisir ou bien une future reconversion ? J’avais envie d’aborder le théâtre, non pas en jouant, ce n’est pas mon métier, mais en lisant des textes. C’est ce que je fais au JT avec les lancements que je rédige. Sur scène, je suis dans le registre littéraire et sentimental. C’est à la fois un plaisir et une peur, car cette fois je suis face à un public. Rien à voir avec le cocon du plateau du JT. Je perçois le silence des gens ou leur attention qui se relâche. Je dois alors les reconquérir, en jouant sur les ruptures de rythme.Nicolas : Vous êtes tournée vers la culture exigeante, alors que l’offre de la Une dans ce registre est catastrophique !TF1 est une chaîne généraliste qui véhicule la culture populaire. Je n’ai rien contre ça. Tous les programmes ne recoupent pas mes centres d’intérêt personnels, c’est vrai. Pourtant, dans mes JT, je ne crois pas faire de concessions intellectuelles, ni culturelles. Anna : Si vous étiez à la tête d’une chaîne de télé, que proposeriez-vous ?Je ne me suis jamais posé la question. Voyons, voyons. Il y aurait du cinéma, de la bonne variété française, des reportages, un rendez-vous littéraire. Comme animateurs, il y aurait un Frédéric Taddeï, un Michel Field, un Patrick Poivre d'Arvor, une Anne Sinclair. Donc, ce ne serait pas une chaîne grand public.Emmanuel Pr. : Quel est votre plus grand regret ?Je n'ai pas beaucoup de regrets. J'ai eu la chance de faire ce que je souhaitais faire. Mais, peut-être, ne pas avoir développé suffisamment une expression artistique. J’ai fait de la danse, mais pas suffisamment et je n’ai pas appris la musique. J'aurais adoré avoir ces talents-là.Par Emmanuel Ducasse (Pour Télé 7 Jours)