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Biographie

Agota Kristof est une romancière hongroise née en 1958 et décédée en 2011.Agota Kristof est née en 1935 à Csikvánd, village de l’Ouest de la Hongrie. Son père est enseignant. Dès l’âge de quatre ans, elle commence, tout comme elle le décrit dans son autobiographie L’ analphabète, à lire tout ce qui lui tombe entre les mains. « L’envie d’écrire va se déclencher plus tard, quand les fils d’argent de l’enfance se brisent, quand les mauvais jours arrivent ainsi que les années, desquels je vais finir par dire: Je ne les aime pas. »Après la guerre arrive le Stalinisme. Le père est arrêté et disparaît pendant des années en prison. La mère parvient à grande peine à nourrir la famille. À quatorze ans, Agota Kristof va en internat, toujours sous le régime stalinien. On la sépare de son petit frère adoré. Elle commence à écrire des poèmes et de courtes pièces de théâtre, dont elle donne l’autorisation d’être jouées, en échange de nourriture et de vivres avec ses camarades.Après le baccalauréat, Agota Kristof épouse son ancien professeur d’histoire, opposant au régime. En 1956, en ces périodes d’espoir de changement, sa fille zsusza vient au monde. L’insurrection hongroise est brutalement réprimée. La petite famille parvient à fuir, malgré la frontière pratiquement infranchissable, en Autriche, avant de trouver refuge près de Neuchâtel en Suisse romande.À la perte de son pays et de toute sa famille, suit la perte de la langue. Agota Kristof ne parlant pas français, elle devient «analphabète». Elle trouve du travail en usine et publie quelques poèmes dans un magazine littéraire pour exilés hongrois. En 1962, elle se jette à l’eau, et, lors d’un cours de langue intensif à l’université, elle apprend le français, qui, comme elle l’écrit, sera « la langue ennemie », toute sa vie durant : « Cette langue tue peu à peu ma langue maternelle. »Elle se sépare de son mari et fonde une nouvelle famille. Dans les années soixante-dix, elle écrit ses premières pièces de théâtre en français, puis une série de pièces radiophoniques. « L’écriture objective » pour laquelle elle sera célébrée plus tard, est due aussi à ce travail de nécessité, à ne se tenir strictement « qu’à ce que l’on voit et qu’on entend ». Puis elle commence, sans trop y croire d’abord, puis de plus en plus consciemment, son premier roman. Ce n’est pas un roman autobiographique, nous dira-t-elle plus tard, même si « elle y est complètement partie prenante ». Elle envoie le manuscrit à trois grandes maisons d’édition parisiennes. Après deux refus, Le Seuil la contacte: ils adorent le roman.Agota Kristof a 51 ans, lorsque Le Grand Cahier paraît en 1986 et devient de suite un des grands romans de la littérature mondiale. En quelques années, le livre est traduit en vingt langues. En 1987, elle reçoit le Prix Littéraire Européen, suivi par un grand nombre d’autres encore dont le Prix Friedrich Schiller en Suisse, le Prix Alberto Moravia, le Prix Gottfried Keller, le Prix Autrichien pour la Littérature Européenne et, en 2011, le Prix Kossuth pour la remise duquel elle retournera en Hongrie. Son oeuvre est portée à l'écran en 2013, réalisé par Janos Szasz.Son œuvre traduite en près de quarante langues a beau être d’importance capitale, elle n’en reste pas moins relativement mince. Agota Kristof a dit une fois: « Écrire, c’est un peu suicidaire, ça tue un peu ». L’histoire des jumeaux, Lucas et Claus, qui ne sont en fait peut-être qu’une seule personne, reste dans son esprit. En 1988 paraît La Preuve; en 1991, Le Troisième Mensonge qui referme la trilogie. Suivront Hier en 1995, L’Analphabète en 2004, puis, son dernier livre, en 2005, Où es-tu?.Agota Kristof est morte le 27 juillet 2011 à Neuchâtel. Dans L’Analphabète, elle écrit: « Comment aurait été ma vie, si je n’avais pas dû quitter mon pays ? Plus dure, plus pauvre, je pense, mais aussi moins solitaire, moins déchirée, peut-être heureuse. Ce que je sais, c’est que j’aurais écrit partout et en toute langue. »