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On pose la question (et c'est un problème) : quel personnage avons-nous vraiment envie de voir arriver au bout de sa quête ?

Aussi intelligente, tortueuse et philosophique soit-elle, Westworld avance dans la saison 2 avec un énorme boulet à son pied : pour qui est-on censé être, dans cette guerre entre l'homme et le machine ? Autant, la saison 1 avait clairement fait de Dolores et du jeune William les deux héros de l'histoire, des amants maudits, séparés par la froide réalité de leur condition. Autant, on a bien du mal à trouver un personnage dont a réellement envie d'embrasser la cause, dans cette saison 2 qui approche doucement de la fin.

D'accord, on peut toujours regarder Westworld d'un oeil distant, avec un plaisir certain, en décortiquant intrigues et twists et en philosophant sur l'humanité de l'intelligence artificielle. Mais le manque d'émotions et d'exaltation se fait furieusement ressentir cette année. On jubile, dans Game of Thrones, quand Arya touche du doigt se revanche, quand Jon Snow rallie les troupes du Nord ou quand Dany fait brûler ses ennemis. Mais dans Westworld ? Qui peut nous procurer une telle euphorie ? Quel personnage avons-nous vraiment envie de voir arriver au bout de sa quête ?

Dolores Abernathy et les hôtes rebelles ?

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Sur le papier, Dolores (Evan Rachel Wood) est la protagoniste de Westworld. La jeune fille de la prairie qui s'émancipe, prend le pouvoir. Mais il y a de gros problèmes avec Dolores dans la saison 2. Sa nouvelle personnalité a basculé de femme libre à monstre en liberté. Elle flingue tout et tout le monde, et n'a qu'une idée en tête : tuer tous les humains. Alors peut-on vraiment s'attacher à un robot dont le but est de nous tuer tous ? Compliqué. Surtout que Dolores n'a qu'une seule solution pour libérer son peuple : la violence ! Pire encore, elle n'hésite pas à massacrer et manipuler les siens, pour arriver à ses fins. On est loin d'une icône révolutionnaire aux nobles idéaux.

Maeve alors ?

C'est vrai qu'elle fait office de nouvelle héroïne, cette année. Maeve (Thandie Newton) a, comme Dolores, trouvé sa conscience. Elle cherche aussi la liberté, sans pour autant chercher à noyer Westworld dans un bain de sang, comme en témoigne sa relation étonnante avec Lee. Et puis l'ancienne Madame du Mariposa a un objectif louable en tête : retrouver sa fille. Mignon non ? Pas vraiment en fait. Parce que tout ça n'est que du code. Maeve reste enchaînée à sa narration, aux souvenirs qui ont été inscrits en elle. Sa fille n'est pas vraiment sa fille. Elle le sait. Mais elle s'obstine à y croire. Il y a donc quelque chose de pathétique dans tout ça. Maeve connaît la réalité des faits et choisit toujours de poursuivre une fantaisie. De fait, on ne ressent aucune émotion - plutôt un certain malaise - lorsqu'elle retrouve finalement celle qu'elle s'obstine à prendre pour son enfant...

Bernard peut-être ?

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Un jour, mais pas aujourd'hui. Parce qu'on ne sait toujours pas vraiment qui est Bernard. Un double d'Arnold ? Un esclave de Ford ? Un gentil robot ou une bête machine qui ne fait qu'obéir aux commandes, tel un grille pain sur pattes ? En tout cas, c'est un clone remplaçable, qui n'a pas l'air de savoir lui même ce qui se passe dans sa tête, dans sa vie. Difficile de soutenir un personnage qui est encore plus paumé que nous dans le monde de Westworld.

William le jeune ou William le vieux ?

Ni l'un, ni l'autre, à l'heure actuelle. Le premier affiche clairement un autre visage, dans cette saison 2. Le gendre de James Delos est devenu un boss froid et sans coeur, qui n'a jamais su se remettre de la blessure "Dolores". Le second avait toutes les armes pour devenir le "cool bad boy" de l'histoire. Un vilain sur la voie de la rédemption, alors que la révolte des robots fait rage. Mais non. Il semble toujours obsédé par Ford, son labyrinthe, et le but ultime du parc. Une obsession que tourne au pathétique, lorsqu'il se retrouve la gueule dans la poussière, à l'article de la mort, incapable de voir que le monde autour de lui a changé. Incapable aussi de rester aux côtés de sa fille, qu'il a déjà lamentablement délaissé pendant tant d'années... Aujourd'hui, l'Homme en Noir nous fait plus penser à un triste addict accro à Westworld, qu'à un flingueur stylé. Pas vraiment le genre d'anti-héros qu'on a envie de supporter !

Et pourquoi pas le Dr Ford ?

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Parce qu'il veut, coûte que coûte, que sa vision de la robotique prévale. Parce qu'il est prêt à tuer tout le monde, pour prouver qu'il a raison et garder la main mise sur ses bébés. Parce qu'il commence à nous soûler avec ses plans mystérieux et ses volontés secrètes, qui ont globalement entraîné la mort de centaines d'humains (plus ou moins) innocents. Parce que c'est un savant fou, tout simplement.

Du coup, la Ghost Nation ?

Aujourd'hui non, mais demain... L'histoire émouvante d'Akecheta, vieil hôte de Westworld, a certainement marqué des points. L'indien a vu les androïdes changer autour de lui, et il a pris conscience, par lui-même, que le monde dans lequel il vivait n'était pas le vrai monde. Il a ainsi cherché, envers et contre tout, à retrouver l'amour de sa vie... Une bien belle storyline et un héros inattendu pour Westworld. Sauf qu'il n'est là, concrètement, que depuis un épisode. Alors Akecheta et la Ghost Nation sont encore un peu récents, pour voler le show !

Les autres ?

Vous soutenez Teddy vous ? Soyons honnête, le cowboy incarné par James Marsden n'était déjà pas vraiment passionnant, lorsqu'il jouait les gentils protecteurs du Far West. Transformé en Terminator par Dolores, il est plus couillu, mais pas vraiment plus attachant. On ne peut pas soutenir non plus Charlotte Hale (sauf si vous êtes de ceux qui veulent que Blofeld réussisse à tuer James Bond), ni même Ashley Stubbs (c'est qui déjà ?). Ne reste plus que la très cool Elsie. L'ingénieure de Westworld, incarnée par Shannon Woodward, a su s'attirer la sympathie des fans, dans la saison 1. De retour dans la saison 2, elle s'est imposée comme la seule humaine sans ambition démoniaque et sans passé macabre. Elle est une victime totale, qui cherche juste à sortir de ce cauchemar. Une femme forte et capable, qui a simplement conscience de là où elle et des gens qui l'entourent. Le seul personnage de Westworld à qui on a, aujourd'hui, vraiment envie de s'identifier et qu'on n'aimerait pas voir mourir dans le prochain épisode...

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