Armageddon
Buena Vista Distribution

Le film catastrophe de Michael Bay revient sur W9.

A l'occasion de la rediffusion d'Armageddon, à 21h15 sur W9, retour sur sa fabrication mouvementée : durant l'été 2015, Première avait fêté les 40 ans des blockbusters en écrivant sur la création d'une grosse production estivale par an depuis la sortie des Dents de la mer, en 1975. Pour l'année 1998, c'est donc le film catastrophe de Michael Bay qui avait été choisi.

Trailer honnête d'Armageddon : "Tout fait boum, même le titre du film"

En 1998, c’est à dire trois ans après son premier long-métrage Bad Boys, Michael Bay bénéficie à Hollywood d’un crédit astronomique. Grâce à son mentor le producteur Jerry Bruckheimer (qui produira ses cinq premiers films), il est considéré comme le wonder boy qui connaît la formule magique pour plaire au public. En fait, il a un sens de la mise en scène indéniable qu’il assaisonne d’une touche personnelle à base de destructions à grande échelle, d’humour étudiant et, accessoirement, de patriotisme de surface. Comme on ne peut pas plaire à tout le monde, il est rapidement ciblé comme représentant tout ce qu’il y a de plus excessif, immature et détestable à Hollywood. En fait, Bay est un héritier direct et turbulent de Spielberg (qui plus tard le produira). Au même titre que son modèle, il peut être considéré comme un auteur qui laisse des touches personnelles de film en film. Parmi celles-ci, l’une de ses obsessions persistantes est la relation conflictuelle des enfants avec leurs parents (et surtout leurs pères), qui renvoie directement à sa propre expérience : Bay a été adopté peu après sa naissance, et dès qu’il a eu l’âge de le faire, il s’est mis en quête de ses parents biologiques, sans jamais retrouver son père. A un moment, il a cru l’avoir identifié en la personne de John Frankenheimer, mais des tests génétiques ont scientifiquement démenti l’hypothèse.

Dans Armageddon, Liv Tyler est une version de cette figure récurrente de fille qui reproche à son père son absence ou sa négligence. A cette occasion, Bay traite le personnage du père avec une indulgence notable, puisque, sous les traits de Bruce Willis, Harry rachète tous ses défauts en se sacrifiant (pour sauver la terre). Bien sûr, cette querelle familiale peut paraître secondaire dans un film qui détruit New York, Shanghai et Paris, mais lorsqu’on en retrouve des variations dans les autres films de l’auteur, on ne peut pas ignorer son importance. Dans l’une des scènes les plus mémorables de Rock, Claire Forlani retrouve son père (joué par Sean Connery) et essaie de lui pardonner de l’avoir abandonnée à la mort de sa mère. Là encore, on sent une volonté de conciliation entre le père et sa fille, mais la situation prendra un tour hostile dans The Island, où Ewan McGregor et Scarlett Johansson sont des enfants sans parents qui affrontent leur père de substitution, l’homme responsable de leur existence (Sean Bean, qui a joué dans Ronin de John Frankenheimer). Après The Island, Bay semble s’être résigné à faire la paix avec un père qu’il ne connaîtra jamais de son vivant. Depuis, même s’il sacrifie un peu trop à ses appétits de destruction, on peut espérer qu’il aura beaucoup d’occasions de révéler de nouvelles facettes de son potentiel colossal.  

Armageddon est typiquement un film de fin de millénaire, programmé pour exploiter les peurs liées à l’approche de l’an 2000. Il a été produit à peu près en même temps que Deep Impact (dont l’intrigue était similaire), mais a rapporté plus d’argent : 201 millions contre 140. A l’époque de sa sortie, il a été le plus gros succès de Disney pour un film en prises de vues réelles.

Gérard Delorme

Bande-annonce d'Armageddon :


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