GALERIE
©2022 Pop. 87 Productions LLC/Courtesy of Pop. 87 Productions//Courtesy of Pop. 87 Productions/Focus Features

Malgré la présence des stars (Scarlett Johansson et Tom Hanks en tête) et sa toute puissance graphique, Wes Anderson s'enferme définitivement dans son délire miniaturiste étouffant.

Il y avait plusieurs films dans The French Dispatch. Un sketch sur un peintre, un segment sur les barricades de mai 68 et le joli polar culinaire final, avec son chef japonais et ses policiers alouettes. Mais ce qui restait le plus en tête, c'était la description de la petite rédaction du magazine, avec ses journalistes tous délicieusement caractérisés et son rédac chef dont la mort signifiait la fin d'une époque.

Si on évoque The French Dispatch ici, c'est pour mieux parler d'Asteroid City qui pourrait être son jumeau ensoleillé, son cousin américain. Le Noir et Blanc a laissé place au mordoré et au turquoise, la France des 30 glorieuses au Texas fifties. Mais les points communs entre les deux films sont nombreux comme cette idée d'une mise en abime en ouverture et en conclusion (ici ce n'est pas un journal qui se fait, mais une pièce de théâtre qui se monte), ou la multiplicité des histoires et des personnages, ou bien encore un deuil (on pleure une maman et non plus un journaliste) qui va structurer le film de manière souterraine. 

Wes Anderson et ses stars investissent Cannes : Scarlett Johansson, Tom Hanks, Steve Carell, Bryan Cranston...
GALERIE
©2022 Pop. 87 Productions LLC/Courtesy of Pop. 87 Productions//Courtesy of Pop. 87 Productions/Focus Features

Asteroid City s'ouvre alors qu'un dramaturge écrit sa nouvelle pièce. Sous les yeux du spectateur, des acteurs et un narrateur donnent vie à ce récit qui s’incarne ensuite à l’écran. La pièce en question, Asteroid City, se déroule dans un hameau situé en plein désert américain. On y trouve un café, une station service, une gare et des rails qui permettent à un train de s'y arrêter de temps en temps. Pendant quelques jours, des militaires et des scientifiques vont y accueillir une ribambelles de gamins et leurs parents pour un concours scientifique. Mais la manifestation est brutalement perturbée par un événement d’envergure planétaire...

Rencontres du 3ème type, Paris, Texas... Wes Anderson nous livre les références d'Asteroid City

Wes Anderson fait donc une fois de plus du Wes Anderson. Puissance mille. Le cinéaste multiplie ses vignettes plastiquement sublimes, d'une maitrise parfaite, et sa direction artistique est phénoménale (décors kitsch et cadres symétriques). Mais encore plus que dans The French Dispatch, son délire miniaturiste empêche finalement la vie de jaillir de ses cadres. Malgré le défilé des stars (Scarlett Johansson ! Tom Hanks ! Steve Carell ! Jeff Goldblum ! Tilda swinton !...) , malgré la présence des enfants - qui comme dans Moonrise Kingdom perturbent son dispositif et nourrissent ici la mélancolie de la famille et de la maison - son cinéma est plus que jamais enfermé dans des obsessions qui tournent à vide et ne produisent plus aucune émotion.

Un alien tentera bien de faire dérailler son petit train (train) nostalgique et compassé, mais en vain. Pire, en revisitant l'histoire du cinéma et du théâtre américain des années 50, Anderson s'enferme dans des références et des échos aussi obscures qu'indéchiffrables et laisse le spectateur définitivement sur le bord de la route. On se demandait récemment dans les pages du magazine si les films du cinéaste n'étaient pas en train de devenir des "filtres "bonbon sucré" Instagram pour branchés en manque de tendances" ? Asteroid City n'invite pas vraiment à la clémence...

Asteroid City sortira le 21 juin prochain au cinéma.