L'Episode I de Star Wars essuie les plâtres de la conversion en relief. Verdict ? Peut mieux faire.Mai 1999 : La Menace fantôme envahit la Terre, vingt-deux ans après que George Lucas a changé le monde du cinéma pour toujours avec son space opera post-moderne. Février 2012 : La Menace fantôme, cet épisode mal-aimé des critiques et des fans (mais pas du public : 924 millions de dollars de recettes sur la planète), inaugure la valse des conversions en 3D de gros succès, trois mois avant Titanic 3D prévu pour avril prochain. Vous êtes lassés de la 3D ? Tant pis pour vous : le spectateur lambda sera de toutes façons obligé de voir le film en 3D, puisqu'aucune copie 2D de La Menace fantôme ne sortira dans les salles. Alors, La Menace fantôme 3D, grand spectacle pop magnifié par la 3D ou pompe à fric opportuniste ?A l'origine de la saga (air connu)En septembre 2010, il était difficile de voir autrement l'annonce de la ressortie en 3D de la trilogie Star Wars que comme une manière de surfer sur la vague du succès d'Avatar de James Cameron, nouveau film de science-fiction de toute une génération. Un peu plus tard, en mars 2011, George Lucas déclarait officiellement (et en présence de Cameron himself) qu'il travaillait à la conversion depuis huit ans, soit deux ans avant la sortie de La Revanche des Sith (2005), le dernier épisode sorti sur grand écran. Pourtant, ce n'est qu'en avril 2011 que l'on apprenait que la compagnie indienne Prime Focus allait se charger de la conversion en relief du film, la boîte au CV conséquent (Tron L'Héritage, Harry Potter et les Reliques de la mort - 2ème partie, Transformers 3...) étant l'une des trois "big three" qui se partagent le gâteau des SFX mainstream et de la conversion 3D (avec Legend 3D et Stereo D). Durée du processus de conversion ? "Quatre à six mois, pour un film hollywoodien classique", précise Namit Malhotra, PDG de Prime Focus. Et motus sur le coût de la conversion, Lucas concédant juste que cela "a coûté plus cher que le film de 1977 !" Certains experts chiffrent toutefois le coût de la conversion entre 15 et 20 millions de dollars. Titanic 3D VS Star Wars 3D, un faux combat mais un vrai vainqueurEn comparaison, la conversion au relief de Titanic de James Cameron par la société Stereo D a coûté 18 millions de dollars et a duré 60 semaines, d'après son producteur Jon Landau. Titanic 3D et Star Wars 3D, s'ils sont tous deux produits et distribués par la 20th Century Fox, ont été convertis au sein de studios différents, avec des méthodes de travail différentes... et des résultats différents. Pour l'instant, seules trente minutes de Titanic en relief ont été dévoilées à la presse, avec un résultat impressionnant. La comparaison avec la photo assombrie et la profondeur chiche des plans de La Menace fantôme fait mal. Dans tous les cas, la Fox ne met pas les deux conversions en concurrence puisqu'elle joue sur les deux tableaux. Embrace your destiny"On n'a pas cherché à rajouter des effets de prends-ça-dans-ta-face", précise John Knoll, superviseur des effets visuels chez Industrial Light & Magic (la nouvelle trilogie Star Wars, Pirates des Caraïbes, etc.), qui s'est occupé de chapeauter les équipes qui travaillaient sur la conversion. Convertir un film en 3D, cela signifie mettre en relief un métrage qui n'a pas été conçu pour. C'est un processus compliqué qui nécessite, en gros, de décomposer le film image par image et de déterminer à quelle profondeur de champ se trouve tel ou tel objet. Le plus important étant de savoir doser la 3D, la technique ne faisant pas tout : sur ce plan, un fort relief est-il nécessaire ou nuit-il à la lisibilité de l'action ? Rajouts et polissageLa Menace fantôme n'a pas échappé aux coups de polish de l'obsessionnel George. Et la version salle est identique à la version Blu-Ray : la marionnette de Yoda a été remplacée par une version numérique. Quelques rajouts par-ci par-là (l'arrivée sur Coruscant, quelques plans sur les coureurs avant la course de pods...) qui n'ont rien de bouleversant. Seule originalité de la version 3D, les crashs lors de la course de pods ont été agrémentés de débris supplémentaires afin d'accentuer l'impression de relief. Le résultat est pourtant très décevant à l'écran : même si le film n'a pas été tourné avec la 3D des années 2010 en tête, les effets restent très chiches, les plans en relief les plus probants étant des banals champs-contre-champs lors de scènes de dialogues. Corollaire : les fans seront ravis d'apprendre que la 3D n'a pas ruiné le film. Une perturbation dans la Force"Si vous voulez convertir en 3D un film que vous adorez, un classique comme Les Dents de la mer ou Star Wars, il faudra dépenser de l'argent pour le faire bien", prévient James Cameron. "Convertir le film en 3D pour encaisser les revenus d'une 3D de haute qualité, mais en faisant du sale boulot qui donne mal au crâne aux gens... Cela ne devrait pas être une option." Non, La Menace fantôme 2012 ne donne pas mal au crâne, mais au portefeuille : payer plus pour voir à peu de choses près le même film qu'il y a treize ans -avec ses défauts et ses qualités- est un sale coup. "Je ne veux pas que les choses changent", se désole dans le film le petit Anakin. Stoïque, Qui-Gon lui répond : "Tu ne peux empêcher le changement". Mais peut-être Lucas aura-t-il à coeur de proposer au moins des copies 2D des épisodes suivants, afin que tous les padawans de la Galaxie puissent se régaler d'une saga qui, prise d'un coup, reste l'équivalent cinéma de la légende arthurienne en d'autres temps : on y revient toujours.Sylvestre PicardSuivez @SylvestrePicard sur TwitterBande-annonce de Star Wars épisode 1 en 3D, sorti aujourd'hui au cinéma :
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