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True Detective S2E3 - Review : Mr. Velcoro, do you want to live ?

ATTENTION, SPOILERS.Un faux Elvis chante The Rose et esquisse quelques pas de danse, pendant que Colin Farrell, éventré, taille le bout de gras avec son père, incarné par un Fred Ward fantomatique... Très belle, onirique, trippante, inattendue bien qu’outrageusement datée dans sa conception (HBO faisait déjà ce genre de trucs il y a quinze ans, à l’époque de Six Feet Under, Carnivale et Les Soprano), la séquence d’ouverture "lynchienne" du troisième épisode de True Detective 2 a le mérite de parfaitement synthétiser les forces et les faiblesses de cette nouvelle saison. La puissance du show tient en effet dans cette volonté manifeste de tenter des choses en permanence, de faire feu de tout bois sans jamais avoir peur de la surchauffe ou du ridicule, d’empiler les références (Ellroy, Chinatown, En Quatrième Vitesse, Detective Story, Lynch désormais...) pour mieux s’envisager comme un immense labyrinthe référentiel. Quand on aime ça (le noir, L.A., Fred Ward, les faux Elvis...), c’est forcément stimulant à regarder. Le revers de la médaille, que met cruellement en lumière cette intro-uppercut, c’est l’évidente absence de cohérence dans la direction artistique.>>> True Detective saison 2 : les nombreuses références et notamment celles à FranjuN’avoir qu’un seul réalisateur (Cary Fukunaga) aux manettes l’an dernier, sur la durée finalement assez courte de huit épisodes, avait offert à True Detective une très précieuse unité esthétique. Pizzolatto s’autorisait à peu près tout dans son écriture (les visions, les monologues, les flashs back et forward…), mais Fukunaga le "cadrait" systématiquement. Ici, d’un épisode à l’autre, et, pire, d’une scène à l’autre, on passe d’idées splendidement affûtées (cette intro, donc) à des digressions indignes, à la frontière du nanar (la visite chez le pimp tête à claques, ratée, hors sujet, du mauvais Altman). Le réalisateur de l’épisode, Janus Metz (auteur de l’excellent Armadillo, prochainement annoncé sur Galveston, adaptation du roman de Pizzolatto) semble néanmoins avoir mieux "compris" True Detective que Justin Lin (qui avait mis en boîte les deux premiers épisodes). Il signe les meilleures scènes de la saison so far (le dialogue nocturne entre Velcoro - qui n'est donc pas mort, le tueur à masque d'oiseau lui ayant en fait tiré des balles anti-émeutes à la fin de l'épisode 2 - et sa femme sur le perron, les retrouvailles entre Taylor Kitsch et un autre vétéran, la course-poursuite finale avec l’homme masqué...), imposant un vrai mystère. Un mystère cinématographique, indicible, capable d’exister au-delà de l’intrigue (toujours assez molle, il faut bien l’avouer) et au-delà des mots de Pizzolatto, qui traque un peu trop systématiquement la punchline (le "No country for white men, boy", taillé pour les anthologies).>> True Detective saison 2 : le trailer très noir de l'épisode 4">>>> True Detective saison 2 : le trailer très noir de l'épisode 4On n’oubliera sans doute pas de sitôt la tête de chien abandonné de Colin Farrell, pathétique, déchirant, quand un médecin lui pose la seule question qui vaille : "Mr.  Velcoro, do you want to live ?". Tour à tour excitante et frustrante, belle et moche, audacieuse et atrocement cliché, True Detective continue de se chercher une cohérence. A priori, ce sera ça, le grand suspense de l’été télé. Frédéric Foubert