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Que vaut la nouvelle série financière de Showtime, portée par Paul Giamatti et Damian Lewis ?

Au début de l'année 2014, alors que Le Loup de Wall Street vient de faire un énorme carton public et critique, la chaîne américaine Showtime décide d'aller nager, à son tour, parmi les requins de la finance. Un an et demi plus tard, on découvre Billions, une toute nouvelle série dont le premier épisode (diffusé dimanche dernier) n'est pas sans rappeler l'ascension incroyable de Jordan Belfort à Wall Street.


Le jeune trader milliardaire s'appelle ici Bobby "Axe" Axelrod. C'est un jeune garçon venu du Bronx, traumatisé par les attentats du 11 septembre (il a perdu tous ses collègues en ce jour dramatique), et qui a fait son trou petit à petit dans la finance, mais pas toujours de manière légale. Sa réussite éblouissante et son sens du business font de lui un personnage très apprécié et très redouté dans la Big Apple. Une figure que l'intègre et vindicatif Procureur de New York, Chuck Rhoades, aimerait bien accrocher à son tableau de chasse...

Sur le fond et sur la forme, Billions joue bien volontiers la carte de la référence au Loup de Wall Street, qui racontait déjà la traque judiciaire d'un riche trader/flambeur parti de rien. Lorsque Wendy, la psy du fond de pension Axelrod, qui rebooste les traders déprimés, les incite à se taper la poitrine, pour mieux reprendre confiance, Billions rejoue clairement la scène culte entre McConauhey et DiCaprio, tel un hommage au film de Scorsese, qui a inspiré la série.


Mais heureusement, Billions ne s'arrête pas à ça. D'abord parce que le personnage du justicier est ici nettement plus développé et nettement plus complexe. Le génial Paul Giamatti crève l'écran en procureur ultra-puissant, à la fois défenseur de la morale et inquisiteur flippant. Pas tout à fait héros, cet amateur de pratiques SM brille par un charisme brutal et une droiture presque glaçante. Face à lui, Damian Lewis est un peu moins convaincant en trader successful, mais l'ex-star de Homeland reste une valeur sûre et sait parfaitement jouer de son charme, pour maintenir l’ambiguïté de son personnage, jamais totalement mauvais.

Le face à face entre les deux hommes promet déjà un excitant jeu du chat et de la souris, dopé par une écriture de qualité et des dialogues fleuris, qui percutent de scène en scène. Et puis même si elle ne bouleversera pas notre vision du monde de la finance (comme sait le faire par exemple le film The Big Short), Billions offre une nouvelle plongée très intéressante dans les coulisses de Wall Street, où on gagne des millions de dollars en quelques secondes. Les créateurs, Brian Koppelman et David Levien (à qui l'on doit l'affreux Ocean's Thirteen), ont eu la bonne idée s'associer à un journaliste économique du New York Times, Andrew Ross Sorkin. Cela donne à la série une vraie valeur ajoutée réaliste, à la fois troublante et fascinante, qui permet de trancher avec l'aspect un peu soap vers lequel Billions penche parfois dangereusement.

Billions, saison 1 de 12 épisodes, chaque dimanche soir, sur Showtime.