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Cette semaine au cinéma, l'ex-Ross de Friends David Schwimmer réalise un drame poignant, David Fincher envoie Daniel Craig enquêter sur un meurtre en Suède et Frédéric Beigbeder signe son premier (et meilleur) film.Choix n°1 : L'amour dure trois ans, de Frédéric Beigbeder, avec Louise Bourgoin, Gaspard Proust...Synopsis : Marc Marronnier, critique littéraire le jour et chroniqueur mondain la nuit, vient de divorcer d’Anne. Il est sûr à présent que l’amour ne dure que 3 ans. Il a même écrit un pamphlet pour le démontrer mais sa rencontre avec Alice va ébranler toutes ses certitudes.L'avis de Première : Flaubert écrivait : « Madame Bovary, c’est moi. » Frédéric Beigbeder pourrait sûrement en dire autant de Marc Marronnier, antihéros touchant, irritant, mondain, cabot, maso, séducteur, dont il a couché les mésaventures amoureuses dans le livre éponyme, sans en nier la nature autobiographique. Le principal défi, on l’imagine, consistait donc pour lui à dénicher l’acteur idoine. Le comique Gaspard Proust, même menton en galoche et même dandysme désinvolte, remplit les conditions, et bien davantage. C’est une révélation, face à une Louise Bourgoin qui confirme ses prédispositions pour les rôles de délicieuses effrontées. Directeur d’acteurs compétent, Beigbeder signe, en bon écrivain qui se respecte, un premier film copieusement « littéraire » : les personnages s’expriment par des aphorismes dignes de Guitry (« Les époux dînent, les amants déjeunent »), les références pleuvent (Soljenitsyne, Bukowski), les séquences sont chapitrées... Tout cet héritage, plus drôle qu’encombrant, n’empêche pas Beigbeder de penser en images.En témoignent le brillant prologue (montage accéléré d’une histoire d’amour) ou l’utilisation judicieuse des mémos en incrustation (idée empruntée, entre autres, à Jan Kounen). L’influence de Woody Allen, idole absolue du néo-cinéaste, est, elle, clairement revendiquée dans cette romcom française atypique qui assume les clichés pour mieux les passer à la moulinette de l’absurde. À l’instar d’Alvy Singer (le héros d’Annie Hall), Marc Marronnier personnifie la condition masculine dans sa médiocrité comme dans sa grandeur. Marc Marronnier, c’est nous !Bande-annonce :  Choix n°2 : Millenium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, de David Fincher, avec Daniel Craig , Rooney Mara, Robin Wright...Synopsis : Mikael Blomkvist, brillant journaliste d’investigation, est engagé par un des plus puissants industriels de Suède, Henrik Vanger, pour enquêter sur la disparition de sa nièce, Harriet, survenue des années auparavant. Vanger est convaincu qu’elle a été assassinée par un membre de sa propre famille. Lisbeth Salander, jeune femme rebelle mais enquêtrice exceptionnelle, est chargée de se renseigner sur Blomkvist, ce qui va finalement la conduire à travailler avec lui. Entre la jeune femme perturbée qui se méfie de tout le monde et le journaliste tenace, un lien de confiance fragile va se nouer tandis qu’ils suivent la piste de plusieurs meurtres. Ils se retrouvent bientôt plongés au cœur des secrets et des haines familiales, des scandales financiers et des crimes les plus barbares…L'avis de Première : Un film de Fincher, même mineur, c’est de la haute couture filmique, supérieure à 99% de la production contemporaine (lumière aveuglante du chef op’ Jeff Cronenweth, score hypnotique de Trent Reznor, morceaux de bravoure filmiques à tous les étages…). (...) Incarnée par la bluffante Rooney Mara, la hackeuse gothique au regard froid comme le métal s’impose ici en un clin d’œil comme la jumelle du Mark Zuckerberg de The Social Network. Détraquée, désaxée, les yeux rivés sur son PC, et seule à en crever.Bande-annonce : Choix n° 3 : Trust, de David Schwimmer, avec Clive Owen, Catherine Keener...Synopsis : Chez eux, en banlieue, Will et Lynn Cameron se sentent en sécurité. Dans leur maison, la nuit, ils dorment avec le sentiment que leurs trois beaux enfants sont parfaitement protégés. Lorsque Annie, leur fille de quatorze ans, se fait un nouvel ami sur Internet – Charlie, un garçon de seize ans rencontré sur un forum de discussion – ses parents ne s’inquiètent pas. Ils se disent qu’il est normal que des adolescents échangent grâce aux nouvelles technologies. Après plusieurs semaines d’échanges en ligne, Annie se sent de plus en plus attirée et fascinée par Charlie, même si elle réalise peu à peu qu’il n’est pas ce qu’il prétend être.Le film est présenté au Festival du film de Toronto en 2010.L'avis de Première : La force de Trust c'est d'avoir renversé le postulat de ce genre de film. Si c'est l'ado de 14 ans qui est bien victime d'un prédateur sexuel, c'est son père qui se met à pleurer, crier et réclamer vengeance. Ce qui intéresse Schwimmer n'est finalement pas l'acte en soi, mais la manière dont la famille – middle class WASP et heureuse – explose et se dilue. L'ex Ross de la série Friends évite toutes les chausse-trappes qui le guettaient avec un sujet pareil... Dirigés avec une empathie et un savoir-faire évidents Clive Owen et Catherine Keener jouent les parents ravagés avec subtilité. Mais celle qui tient le film, c'est Liana Liberato, qui incarne Amy en passant de l'innocence au rejet, de l'idéalisme à la fêlure... C'est peut-être le problème (mineur) du film : à force de se concentrer sur ses comédiens, Schwimmer en oublie un peu le cinéma. Mais s'emparer d'un tel sujet avec une justesse pareille mérite d'être salué.Bande-annonce :