DR

L’adaptation de Stéphan Wojtowicz s’inspire à la fois du livre et du film… Cela doit être jouissif de dire les mots d’Antoine Blondin et de Michel Audiard ?Quand on s’aperçoit que le texte est plus littéraire, c’est du Blondin. Pour les scènes de soûlographie, c’est vraiment du Audiard… Dans le roman, Suzanne, la femme de mon personnage, ayant peur que son mari ne retourne au bistrot, a cette superbe phrase : « Tu sais, ton ami Gabriel, on dit de lui qu’avec sa chemise bariolée, il détraque le temps. » Ce n’est pas dans le film, qui est en noir et blanc. Je remercie Stéphane d’avoir laissé cette phrase. Blondin possède une langue très littéraire qui finalement ne passe pas bien à l'écran. Quant à celle d’Audiard, il faut faire attention car, au théâtre, à la différence du cinéma, elle peut vite tomber dans le mélodramatique.Vous ne craignez pas le fantôme de Gabin ?Je n’ai pas revu le film depuis la nuit des temps. Ce n’est pas le même travail. Et puis, il faut le dire, il était beaucoup plus jeune que moi lorsqu’il a joué Quentin. C’est rassurant ! Bien sûr, il y aura des textes identiques… Mais je ne m’inspire pas du jeu formidable de Gabin.Que peut-on dire de votre personnage, Quentin ?Un doux rêveur qui se retrouve dans Fouquet, le rôle que jouait Belmondo. Ils ont la même démarche alcoolique. C’est ça qui est intéressant. Ce ne sont pas des piliers de bar, ils boivent pour voyager, pour rêver… Et lorsque Fouquet débarque, cela fait des années que Quentin n’a pas rêvé, n’est pas parti en voyage.Qui a choisi Fred Testot pour interpréter Fouquet ?C’est mon choix. Il possède la fantaisie et l’âge du rôle. C’est un bosseur extraordinaire, toujours dans la recherche. Ce n’est pas un théâtreux qui se prend la tête. Il écoute, fait attention à tout et s’en sert.Pourquoi êtes-vous venu si tard au théâtre ?Parce que cela ne m’intéressait pas ! Pour y aller, il fallait un truc qui me saute aux yeux et qui me passionne. Vous savez, cette histoire du singe dure depuis trois-quatre ans. Après la pièce Le Temps des cerises, Stéphane Hillel et Claude Wild, mon producteur, m’ont demandé pourquoi je n'en jouerais pas une autre. J’ai répondu que je n’avais pas le feu sacré mais que s’ils me proposaient quelque chose d’extra, je ne dirais pas non. Et de suite, ils me soumettent Un Singe en hiver. La proposition me séduit. Mais comme je suis le prince de la mauvaise foi, je leur rappelle qu’il va falloir obtenir les droits des familles Blondin, Audiard, Verneuil, et je leur souhaite bonne chance. Eh bien, ils les ont tous eus ! Alors du coup, je ne pouvais que faire partie de l’aventure… Et j’y vais de bon cœur.