Titre original Seigneurs
Date de sortie 15 septembre 2010
Réalisé par Romain Gavras
Avec Vincent Cassel , Olivier Barthélémy , Pierre Boulanger
Scénariste(s) Romain Gavras
Distributeur UGC Distribution
Année de production 2010
Pays de production FR
Producteurs Vincent Cassel
Genre Comédie dramatique

Synopsis

Patrick et Rémy n'ont ni peuple, ni pays, ni armée : ils sont roux.Ensemble, ils vont combattre le monde et sa morale, dans une quête hallucinée vers l'Irlande et la liberté.

Critiques de Notre jour viendra

  1. Première
    par Christophe Narbonne

    (...) Romain Gavras ne s’est pas contenté d’aligner les scènes choquantes et les répliques débiles sur le modèle de Sheitan, le premier film de son pote Chapiron, plus proche d’une production Europacorp dégénérée que d’un film à thèse. Si l’on veut parler par raccourcis, Notre jour viendra est la rencontre entre Les Valseuses et La Vie de Jésus. Un road-movie radical où pointe le nihilisme, nimbé d’un humour vachard absurde et d’une désespérance muette. (...) Emmené par un Vincent Cassel « depardiesque » et un Olivier Barthélémy sourdement inquiétant (il fait penser au Vincent D’Onofrio de Full Metal Jacket), Notre jour viendra se présente non pas comme une apologie de la violence, mais, au contraire, comme sa condamnation. Une séquence, en particulier, ne laisse planer aucun doute : celle où Patrick s’en prend gratuitement à des putes puis à un couple dans un Jacuzzi. De concevable, sa croisade contre la société devient indéfendable. Le nihilisme final, signe d’un dogmatisme aveugle, confirme que Romain Gavras est un cinéaste responsable. Pas le sale gamin qu’il est impérieux de diaboliser.

  2. Première
    par Damien Leblanc

    Revendiquant l'absence d'explications quant aux comportements des protagonistes, Romain Gavras appuie néanmoins beaucoup sur la piste du racisme et de l'enfermement identitaire. En quête d'attaches, Patrick et Rémy finissent ainsi par imaginer qu'ils appartiennent à la communauté des Roux, forme de justification ironique à leur révolte. Mais à force de jouer avec différentes formes d'exclusion (une séquence sur le racisme anti-arabe, une sur le racisme anti-juif, une autre sur le racisme anti-albinos), le film vire presque à l'obsession monomaniaque. De même, l'insistance sur le thème de l'homosexualité - Rémy s'interrogeant constamment sur son identité sexuelle - tourne rapidement en rond.
    Peu convaincante sur le fond, cette fable sur l'absence de repères cultive cependant une esthétique intéressante, en faisant du Nord-Pas de Calais un décor de western crépusculaire. Le vent du large offre un cadre idéal à la quête de liberté des personnages, tandis que l'horizon bouché transforme le paysage en purgatoire géant. Les dernières minutes, lyriques à souhait, font regretter que Romain Gavras ne se soit pas appuyé sur un scénario plus solide pour exprimer le « brouillard mental » de l'époque. En l'état, Notre jour viendra ressemble plutôt à une coquille vide.

  3. Première
    par Julien Samy

    (...) loin de provoquer la réflexion, leur nihilisme facile souffre d’un manque cruel de sincérité, à des années-lumière de la rage humaniste d’un Spike Lee ou de l’anarchisme d’un Blier. D’autant que, tout en entendant dénoncer la stigmatisation de la différence, le film ne parvient jamais à se départir d’une terreur galopante de l’homosexualité, présentant par ailleurs une image limitée et calamiteuse des femmes. Du côté des protagonistes, l’absence délibérée de caractérisation laisse les acteurs seuls responsables de leurs personnages. Résultat : on n’oublie jamais que l’on est en train de regarder le-grand- Vincent-Cassel, plus théâtral que jamais, nous servir son numéro de Vincent Cassel. Et si Romain Gavras fait preuve d’une maîtrise technique certaine – qualité
    suffisamment rare dans le cinéma français pour être signalée –, sa mise en scène reste trop appliquée et attendue, échouant même à asséner le coup de poing dans la gueule que sa réputation pouvait laisser présager.