Toutes les critiques de La Possibilité D'Une Île

Les critiques de Première

  1. Première
    par Eve Gimenez

    Comme l’accent circonflexe du « i » du mot île, le film de Houellebecq ne sert à rien. Avec une ambiance glauque au sommaire et une atmosphère oppressante à l’épilogue, on ressent un malaise d’un générique à l’autre. Certes le thème de la jeunesse éternelle soulève des interrogations. Et le discours sur le clonage n’est pas totalement dénué d’intérêt. Mais on ne comprend pas l’adaptation de ce roman au cinéma, tant les dialogues sont fades. Heureusement la double performance de Benoît Magimel en homme (Daniel1) puis en clone (Daniel25) sauve la mise. Pas de quoi en faire des vagues !

  2. Première
    par Jean-Baptiste Drouet

    Daniel 25, vingt-cinquième descendant de la génération des Daniel, erre avec son petit chien dans un champ de ruines. Il est l’unique survivant d’un monde dévasté par l’Apocalypse. Daniel 1, son ancêtre, erre, quant à lui, dans un gigantesque complexe hôtelier où des lolitas provocantes se trémoussent à moitié nues sur des podiums. Vous n’y comprenez rien ? Qu’importe, Michel Houellebecq ne s’en soucie guère. En adaptant son livre sur un mode délibérément surréaliste, l’écrivain ne cherche pas à être accessible. Avec lenteur et platitude, selon un scénario sans rime ni raison, il préfère filmer un doux délire narratif où tournent en boucle ses obsessions récurrentes : solitude, réincarnation, sectes, immortalité, clonage. Perdu dans des dialogues ésotériques et des situations absurdes, Benoît Magimel – alias Daniel – avoue, au terme d’un étrange monologue final : « Je n’avais toujours pas compris ce que les hommes entendaient par l’amour. » Et les spectateurs de ne surtout pas comprendre ce que Houellebecq entend par « cinéma ».

Les critiques de la Presse

  1. Paris Match
    par Jerôme Béglé

    Avouons-le d'emblée, je n'ai rien compris au film de Michel Houellebecq. Au chapitre des satisfactions, ajoutons que Michel Houellebecq soigne particulièrement ses arrières-plans, qu'il a bien choisi ses comédiens et qu'il opte pour un cinéma radical, qui ne fait aucune concession aux modes, aux canons du septième art et au public. Pour le reste, il faut s'armer de patience.

  2. Le JDD
    par Carlos Gomez

    Houellebecq, écrivain à succès ne passera pas à la postérité comme réalisateur et s'en va tout droit dans le mur, rejoindre d'autres grands écrivains-cinéastes navrants, tels Duras ou Robbe-Grillet. Benoit Magimel, en ermite survivant de l'humanité engloutie fait penser à Wall-E à la recherche d'une fleur dans les décombres, l'envie de rire en plus. L'un des meilleurs acteurs de sa génération tient enfin le nanar qui manquait à sa carrière. Mais que les décors volcaniques filmés par l'écrivain son fascinants.

  3. Elle
    par Philippe Tretiack

    La fin, incompréhensible, donne au film un petit fumet new age ringard qui rappelle les films prospectifs 70's polonais. Une musique de choeurs d'église achève de rendre hyper pesant un amas de vide. C'est une prouesse. Au dix-huitième degré, le film est à la hauteur de son auteur: déjà culte. A ne pas rater.

  4. Fluctuat

    Michel Houellebecq rate son premier long-métrage dans les grandes largeurs. Sans inspiration, visiblement fauchée, cette adaptation prétentieuse de son propre roman est ennuyeuse et sans aucun intérêt. michel houellebecq derrière une caméra, on voulait voir et on a vu... l'un des vrais grands navets de ces dernières années. La torture est brève (1h25) mais paraît durer une éternité. De nos jours, Daniel 1 (Benoît Magimel) accompagne son pathétique gourou de père dans de tristes zones industrielles où ils essaient de convaincre un auditoire misérable de la prochaine immortalité de l'homme. Peu concerné, le rejeton sera pourtant le premier cloné de l'espèce sous l'appellation de Daniel 25, 24e descendant artificiel de l'original et, semble-t-il, unique survivant d'un monde ayant connu l'apocalypse. Du roman, Houellebecq occulte la plus grande partie et privilégie la fin, qu'il qualifie, modestement, de poétique. Effectivement, il essaie de tendre vers une sorte de composition abstraite dont il espère faire jaillir une inattendue beauté. Problème : il ne se passe rien et c'est très laid. Du coup, l'histoire d'origine est tout à fait incompréhensible pour qui n'a pas lu le roman et le « spectacle » s'avère consternant. Des plans sans aucune grâce ni idées de mise en scène s'enchaînent, plutôt mal, et sont incapables de nous intéresser au devenir des personnages. Mal servis par des dialogues insipides, trop explicatifs et pourtant insuffisants à l'appréhension globale de l'histoire, les acteurs paraissent plus mauvais les uns que les autres. Il n'y a guère que le physique d'alcoolique dépressif de Jean-Pierre Malo qui s'en sorte avec les honneurs. Benoit Magimel, paumé mais pouvait-il faire autrement, ressemble à un négatif de [people rec="0"]Rocco Siffredi[/people] quand il tourne chez [people rec="0"]Catherine Breillat[/people] : un acteur « classique » égaré dans une oeuvre si crade et méprisante pour le public quand elle devient pornographique. L'auteur/réalisateur et donc poète est probablement le seul qui puisse jouir de ce machin sans queue ni tête. Quant à son propos (Quel intérêt d'exister si l'on ne peut échanger avec l'Autre ?), il n'est jamais perceptible.Paradoxalement, l'évidente absence de moyens n'empêche pas la prétention et la boursouflure de l'emporter. La faute, notamment, à une bande-son dont l'emphase excessive n'arrive jamais à occulter la médiocrité des images, encore moins à les élever. Même en arguant que cette forme illustre la triste condition humaine telle qu'elle est vue par l'auteur, difficile de ne pas penser que Houellebecq cultive son jardin de façon onaniste avec ce navet manifestement réalisé sans un radis et qu'il a d'ailleurs partiellement financé. On comprend les producteurs... Fuyez !La Possibilité d'une îleDe Michel HouellebecqAvec Benoit Magimel, Ramata Koite, Patrick BauchauSortie en salles le 10 septembre 2008Illus. © Mandarin Cinéma   - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le fil adaptation sur le blog cinéma