Javier Bardem en tueur froid et implacable dans l'un des meilleurs films des frères Coen
Paramount

Le chef d’œuvre des frères Coen, Oscar du meilleur film en 2008, est diffusé dimanche soir sur France 2.

En adaptant le roman de Cormac McCarthy, les frères Coen font d’une pierre deux coups. Ils reviennent au film noir, registre qui leur a inspiré leurs meilleurs films et, surtout, ils trouvent une façon d’exprimer une certaine profondeur qu’ils avaient jusqu’à présent esquivée en se cachant derrière l’ironie facile. Comme dans leur premier film, Sang pour sang, ils reviennent au Texas, cette fois dans sa partie désertique où les cachettes sont rares, les personnages isolés et les rôles relatifs – le prédateur de l’un étant souvent la proie d’un autre.

Le récit, qui peut surprendre lorsqu’il emprunte de brusques chemins de traverse, est raconté à trois voix. Chacune représente respectivement la vie, le destin et la morale. La première est celle du jeune chasseur (Josh Brolin). Près de la frontière mexicaine, il découvre un tas de cadavres, victimes d’un règlement de comptes entre trafiquants de drogues, et s’empare d’une valise contenant deux millions de dollars et un bipeur. Le chasseur devient alors la proie du propriétaire de la seconde voix, Chigurh, un tueur obsessionnel qu’il serait réducteur de définir comme simplement fou. Au-delà de sa coiffure ridicule, Javier Bardem apporte une dimension métaphysique à ce personnage d’ange exterminateur ultradéterminé. La troisième voix appartient au vieux shérif (Tommy Lee Jones) qui suit l’affaire. Ce qu’il découvre dépasse en brutalité tout ce qu’il a pu voir au cours d’une carrière qu’on devine bien remplie. Il est le vieil homme du titre.

Fidèles au livre et à eux-mêmes, les Coen réalisent leur film le plus sobre et le plus maîtrisé. L’un des plus jouissifs aussi, qui contient une bonne demi-douzaine de scènes d’anthologie, réglées au millimètre près, sans un détail de trop. L’humour noir, dosé avec parcimonie, sert beaucoup plus de révélateur que d’expédient frivole. Lorsqu’on rit, on se demande pourquoi aussitôt après. Plus le film avance et plus on réalise, avec Tommy Lee Jones, que quelque chose d’incroyablement ténébreux est en train de nous submerger.

Bienvenue en enfer !

Javier Bardem : "J'avais l'impression d'être un rouleau compresseur"

Making-of de No Country for Old Men :