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Le plus beau film du monde revient ce soir sur France 5

Marcello était partout à Cannes. Sa silhouette de dandy astral, clope au bec, son naturel chiadé qui hybride le costume anglo-saxon cintré avec la désinvolture italo-méditerranéenne irradiait le festival. Tellement sud, tellement brun, tellement beau... Impossible de passer sur la Riviera, de quitter une soirée sans penser à lui. Un pas sur la Croisette et le voilà qui se dresse au petit matin d'une dolce vita trop pleine : trop pleine d'alcool, trop pleine de cigarettes, trop pleine de filles et trop pleine de haine de soi. Il était là : dans les esprits donc, sur les murs (pas un hall d’hôtel cannois sans le portrait de Marcello et de Clint Eastwood). Pour ceux qui n’ont pas pu faire le voyage, France 5 vous convie ce soir à La Dolce Vita, Palme d’Or de 1960. Sans doute le film où Marcello s’affirme comme le plus beau gars du monde ; seul concurrent véritable de Paul Newman, Sean 007 Connery et Alain Guépard Delon. Un éclat noir de jeunesse filmée, éternelle. On connaît l’histoire : une série d’épisodes déconnectés qui suit les pérégrinations de Marcello Rubini (Mastroianni), jeune provincial aux aspirations littéraires devenu chroniqueur d’un journal à sensations. Scorsese a tout dit sur ce film : « Dans mon esprit, il y a un avant et un après “La Dolce Vita”. Ce film brise les règles. Il n’y a pas d’histoire, pas d’intrigue et pourtant le film dure trois heures. Jusque-là, dans les années 50, la plupart des films étaient des spectacles (Ben Hur, Spartacus), Fellini, lui, invente la chronique intimiste. ».

Malgré son apparence décousue, le film offre une réflexion sur le mariage et la famille, la foi, les exigences de l’intellect et la facilité de l’hédonisme. C’est l’un des plus beaux films de l’histoire du cinéma, l’un des plus beaux Fellini. Mais au bout du conte, il reste Marcello. Le playboy mélancolique regarde avec distance et ironie les folles nuits romaines. Ça l'intéresse, ça l'amuse, il en jouit, il en vit. Pourtant, à l'horizon du petit jour, il y a une jeune fille qui l'attend sur la plage et qui veut lui faire comprendre par-delà le bras de mer qui les sépare qu'elle se souvient de lui, qu'il vaut mieux que ça, qu'elle l'attend. Le bruit des vagues couvre sa voix et Mastroianni lui lance alors un des plus beaux gestes de désolation jamais vu sur grand écran. Même Sorrentino n’a pas réussi à faire plus déchirant…

La Dolce Vita est diffusé ce soir à 20h50 sur France 5 dans le cadre de l'émission Place au cinéma.