DR

Il a créé Rendez-vous en terre inconnue, l’émission préférée des Français. Désormais, il y a Retour en terre inconnue. Pour le deuxième opus, le journaliste raconte à Télé 7 jours son parcours et son enfance. Rencontre avec un type formidable !

Vos équipes sont retournées voir les tribus hôtes de  Rendez-vous en terre inconnue afin de leur projeter leur film. Quelles ont été les réactions ?D’abord, la surprise, car ils ne pensaient pas que nous reviendrions. Vous verrez qu’ils se souviennent des moindres détails de notre passage. Certains ont eu des propos très touchants, comme ceux de Sissay le Amharas qui avait accueilli Adriana Karembeu sur les hauts plateaux d’Éthiopie en 2008. Il nous avoue : "Je ne savais pas que j’étais courageux. Vous avez été les premiers à me le dire." Ça l’a aidé dans son combat contre les mariages arrangés. Depuis, il les a éradiqués dans sa région.Comment vous est venue l’idée de Rendez-vous en terre inconnue ?D’un beau moment en Thaïlande, il y a plus de vingt ans. Avec Gilles Bérard, mon associé aujourd’hui, et d’autres amis, nous étions dans un village Karen. Un soir, alors que notre traducteur dormait, nous avons eu un fou rire avec nos hôtes. C’était stupéfiant de découvrir qu’on pouvait vivre ça ensemble, malgré la barrière de la langue. J’ai alors écrit les bases de l’émission. Mais à l’époque, j’étais un petit journaliste de Télé Lyon Métropole. Personne ne m’aurait suivi au bout du monde. L’idée est revenue en 2003, alors que j’étais au chômage. Le psy qui me suivait m’a demandé quels avaient été les moments les plus forts de ma vie. J’ai répondu : être au bout du monde avec mon sac à dos. Et là, je me suis rendu compte que j’avais oublié les noms de lieux mais pas ceux des personnes rencontrées, ni leur histoire.Allez-vous vendre le concept de l’émission à l’étranger ?Beaucoup de chaînes étrangères, mais je refuse : pas question que le monde entier débarque chez les Korowai et nos autres amis ! Je veux les préserver. En revanche, je rêve de faire une version américaine pour le cinéma : deux acteurs, comme Kate Winslet et Leonardo Di Caprio ou Julia Roberts et George Clooney, qu’on suivrait simultanément dans deux régions sauvages, l’une au soleil et l’autre dans le froid.Votre parcours n’est pas un long fleuve tranquille. Pourquoi avez-vous été viré deux fois en plein succès : en 2003 de Comme au cinéma et en 2006 de Rendez-vous en terre inconnue ?C’est le monde de la télé. Le courant passe bien avec certaines personnes, moins avec d’autres. Lors de mes périodes de chômage, j’ai failli arrêter. J’étais à découvert à la banque et personne ne voulait de mes projets. Je me souviens d’une réflexion d’un patron de chaîne : "Ton truc dans le désert ne m’intéresse pas". Le "truc" est devenu l’émission préférée des Français !En 2011, Rendez-vous en terre inconnue avec Frédéric Michalak fait un tabac (27% de part de marché) mais votre nouvelle émission, Leur secret du bonheur, sombre. Comment avez-vous vécu cet échec ?Très bien, parce que le succès n’est une exception. Je conseille à tout le monde de lire L’apprentissage de l’imperfection, de Tal Ben-Shahar, philosophe et psychologue. Les échecs ne doivent pas nous empêcher de poursuivre en direction de nos rêves.Pourquoi une émission a-t-elle marché et pas l’autre ?Gérard Jugnot a eu une bonne analyse : "Dans Rendez-vous en terre inconnue, tu montres le bonheur. Là, tu nous l’expliques." Il faut que le bonheur transpire, comme dans La Parenthèse inattendue, sur France 2 : trois personnalités qui ont réalisé leur rêve se dévoilent. On découvre qu’elles nous ressemblent, qu’elles ont eu les mêmes peurs, les mêmes complexes, les mêmes difficultés… J’ai besoin de donner de l’espoir !D’où vous vient cette envie d’aider ?De mon enfance. Mon père était un tyran domestique, dans la violence et le dénigrement constant. Comme si pour se mettre en avant, il fallait rabaisser les autres. Cette expérience douloureuse m’a rendu empathique. Aujourd’hui, à 45 ans, j’ai une forme d’optimisme chevillée au corps et je suis toujours très touché par la bienveillance.Le public vous adore. Comment réagissez-vous aux sollicitations ?J’ai beaucoup de chance car les téléspectateurs que je rencontre me livrent souvent des choses essentielles. En août, une femme de 50 ans m’a pris par le bras pour me dire : "Quand ma sœur a su qu’il lui restait 15 jours à vivre, elle a regardé en boucle Rendez-vous en terre inconnue pour garder cette image du monde qu’elle quittait". Cela m’a bouleverséVous avez un fils de 16 ans. Quel genre de père êtes-vous ?J’essaie de lui transmettre ce que la vie m’a appris : ne pas avoir peur d’entreprendre. Sinon je suis assez protecteur. Ainsi, quand j’étais au chômage, je le lui ai caché. Je me sens parfois coupable de ne pas lui consacrer plus de temps à cause de mon travail.Allez-vous lui préparer son propre Rendez-vous en terre Inconnue ?Oui. Mais sans caméra et son appareil photo !Quel regard porte-t-il sur vous ?Il m’a récemment dit : "Je t’admire parce que tu as réussi à réaliser tes rêves en respectant tout le monde et sans prendre la place de personne." C’était la plus belle minute de ma vie.Plus d'infos sur Frédéric Lopez dans le Télé 7 jours (du 15 au 21 décembre)Retrouvez Frédéric Lopez sur France 2 ce soir à 22h10 pour un nouveau numéro de La parenthèse inattendue et le 18 décembre pour une émission spéciale Retour en terre inconnue. Alexandre Alfonsi du magazine Télé 7 jours