Star Trek Sans limites
Paramount

Le dernier opus de Star Trek est aimablement modeste et divertissant.

Malgré son sujet -et son titre- kamikaze, Star Trek Sans limites évoque une certaine routine. L'USS Enterprise crashé, l'équipage dispersé et son unité menacée par un grand méchant aux motivations mystérieuses... Mais Sans limites ne met pas tant que ça les membres de l'Enterprise à l'épreuve de la désintégration. Espace réduit (il y a trois décors différents), enjeux réduits : en bon fanboy, Simon Pegg, co-scénariste du film, veut livrer un nouvel épisode de la franchise dans tout ce qu'elle a d'épisodique. La visée est modeste, Kirk, Spock et les autres ont une mission à accomplir, qui est à la fois routinière et exceptionnelle. Routinière parce que c'est le job des membres de Starfleet, après tout. Exceptionnelle parce que Kirk and Co vont être face à divers challenges personnels. Justin Lin, nouveau réalisateur de la franchise venu de Fast & Furious, se met en sourdine et emballe le film avec métier.

 

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Du point de vue action, le cahier des charges est rempli sans génie mais (l'assaut sur l'Enterprise) mais c'est dans ses moments les plus calmes que le film devient touchant, notamment dans une grande séquence au début où Kirk commente en voix over la vie quotidienne de l'Enterprise. Avant d'aller boire un coup avec McCoy pour fêter son anniversaire et s'interroger sur son destin. Les personnages de la saga existent pour de vrai, pour de bon, on se soucie de leur pensée, de leur corps. En creux, le film se donne aussi la mission de boucler le premier épisode (via aussi un gros clin d'oeil musical qu'on ne spoilera pas) : Spock affronte son héritage vulcain, Kirk son héritage paternel, et le film de régler enfin ses comptes avec la franchise originelle à travers un épilogue qui risque d'émouvoir les fans de la série de Gene Roddenberry.

En intégrant tranquillement, sans souligner ses effets à mort, un personnage gay et une femme dure à cuire (la super Sofia Boutella n'est ni sexualisée à outrance, ni une cible pour le pourtant priapique Kirk). Pegg a réussi à conserver ce qui faisait l'ADN de la série : Star Trek Sans limites garde en son cœur un indécrottable humanisme qui le fait avancer, qui lui donne une direction, un sens -finalement assez hollywoodien- de l'héroïsme working class et du groupe vu comme la somme d'individualités. Une direction modeste, mais finalement audacieuse dans la galaxie des blockbusters contemporains, gentiment cyniques et cool. Une vision de cinéma modeste et progressiste. Limite audacieuse, en fait : "to boldly go". Mission accomplie.

Star Trek Sans limites revient à 21h sur C8. Bande-annonce :