Marvel

Rencontre avec le réalisateur du nouveau Marvel.

La genèse d’Ant-Man a été difficile. Comment t’es-tu approprié le film en tant que cinéaste ? Je suis arrivé à peu près en même temps que Paul Rudd et Adam McKay. J'ai lu le script d'Edgar et Joe, que j'ai trouvé génial. C'était leur idée de faire d'Ant-Man un film de casse, de créer une relation de mentor à élève entre Pym et Scott et de placer le combat final dans la chambre à coucher d'une petite fille. C'était brillant.

Que vaut Ant-Man ?

Quel a été ton apport à l’histoire ? Avec Adam, en tant que fans de comics, on voulait ajouter des choses qu'on avait aimées étant plus jeunes. On a étoffé tout l'aspect "subatomique" de l'histoire, pour retrouver un peu le côté psychédélique des comics des années 60 et 70. Ca permettait aussi d'installer l'idée de sacrifice puisque Pym pense qu'il est impossible de revenir d'une taille subatomique. On a aussi ajouté Janet, je voulais qu’elle soit une présence qui plane sur l’histoire, même si c'est en flashback. Dans les comics, la Guêpe et Ant-Man sont inséparables ! Evidemment ca étoffait le personnage de Hope (Evangeline Lilly) qui n'a jamais pu faire le deuil de sa mère. J’ai aussi poussé l’idée du film de casse jusqu'au bout, en termes de montage et de mise en scène. L'illustration des histoires de Luis qui explique d'où vient son tuyau, c'est ça. On a retravaillé le vol du costume avec l'aide d'un pote qui bosse dans la sécurité, c'est lui qui nous a suggéré certains détails comme geler le métal pour ouvrir le coffre par exemple. Ce mec est terrifiant d’ailleurs, rien ne lui résiste ! (rires) J'ai également amené l'idée que Pym serait avant tout motivé par la culpabilité d'avoir créé cette technologie. Et puis il fallait l'ancrer dans l'univers : Hank Pym ce n'est pas n'importe qui chez Marvel ! Il appartient au Mont Rushmore de Marvel, avec Bruce Banner, Red Richards et Tony Stark. C'est pourquoi la première scène est importante, on comprend qu'il a bien connu le père Stark, on voit Peggy Carter, le S.H.I.E.L.D, etc.

D'ailleurs cette première scène a pas mal marqué Michael Douglas... Oh oui ! Il voulait racheter la société responsable des effets spéciaux quand il a vu le résultat (rires). Pour moi c'était un peu tendu parce que... Tout le monde sait à quoi ressemblait Michael Douglas quand il avait la quarantaine. Donc si on se foire, ça se voit tout de suite. Et en plus, c'est la toute première scène, donc si c'est raté, tout le monde va penser "ok, c'est ridicule, et tout le film va être nase". C'est la 1ere impression ! J'étais stressé. Mais effectivement, en voyant la réaction de Michael, j'ai su qu'on avait réussi. 

Ant-Man : comment Michael Douglas a été rajeuni pour le film

C’est la première fois que tu réalises un film d'action et de SF, la transition a été compliquée ? Le gros challenge c’était les scènes de miniature. Pas tant techniquement que d’un point de vue narratif : le vrai challenge était tout simplement de trouver comment ne pas lasser les gens en répétant le même procédé encore et encore. Il fallait rester inventif, trouver des nouvelles possibilités, des nouvelles utilisations du costume, de nouvelles situations... C'était mon principal souci. 

Tu ne t’es jamais dit que c’était un projet un peu casse-gueule ? J'ai toujours des doutes. Pour chaque film. Mais ça faisait très longtemps que je voulais réaliser un Marvel. J'avais même déjà développé un film Fantastic Four en 2003, mais ça ne s'est jamais concrétisé. Comme tu le sais, entre cette époque et maintenant, tout a changé : les films de super héros se sont multipliés et, avec les progrès technologiques, les possibilités sont désormais presque illimitées. J'étais fan d'Ant-Man quand j'étais jeune et je connais très bien ce personnage et son univers. Du coup, quand j'ai rencontré les producteurs, j'ai pu leur parler de toutes mes idées, c'était super. Parce que malgré les enjeux financiers, colossaux, ils sont ouverts aux nouvelles idées !

C’est vrai qu’avant de savoir que tu allais réaliser le film tu as dit "je plains le mec qui va passer après Edgar Wright" ? C'est vrai ! J'ai dit ça à un de mes amis journalistes de Aint it cool news juste après avoir appris la nouvelle du départ de Wright... "Qui est le pauvre bougre qui va devoir passer derrière ?". Mais en réalité, toutes les difficultés s’étaient présentées avant mon arrivée. Marvel avait déjà pris sa décision, je n'y étais pour rien et quoi qu'il arrive, ils étaient toujours décidés à faire le film : alors autant y aller ! Je voulais juste des garanties, être sûr de pouvoir faire ma version du film et pas simplement me conformer à la vision d’un autre. On m’a laissé faire de gros changements, et pourtant, le style de Joe et Edgar reste l'essence de ce film. Soyons clair : sans eux, le film n'existerait pas. L'idée même d'un film Ant-Man vient d'Edgar et de personne d'autre. Mais il a fallu actualiser certains éléments du script pour qu’il soit raccord avec la réalisation, et il a fallu aller vite. J'ai beaucoup échangé avec le responsable des effets spéciaux pour bien préparer le terrain et, même visuellement, ils m'ont laissé prendre des libertés : j'ai décidé de tourner en 1,85, ce qui n'était pas leur choix initial, mais vu qu'on travaillait sur un héros qui rapetisse, les effets visuels sont plutôt à la verticale, donc ça faisait sens. Les studios se demandaient si ça allait être assez épique mais je les ai rassurés en leur rappelant que le premier Avengers était tourné dans ce format. Je crois que j’ai réussi à me servir de l’urgence, ça a été un moteur. Duke Ellington disait : "je n'ai pas besoin de temps, j'ai besoin d'une deadline" (rires). C'est vrai, ça te donne une énergie folle. 

Edgar Wright explique pourquoi il a quitté Ant-Man

Apparemment tu as déjà des idées pour l'avenir d'Ant-Man : suite ou prequel ? Ah, les possibilités sont géniales. Si on a la chance de pouvoir poursuivre la saga, il y a quelque chose à explorer chez Pym qui réalise qu'il existe peut-être un moyen de revenir de l'univers subatomique. Peut-être que ça veut dire qu'il peut y aller et ramener qui-tu-sais... Son obsession renaît. On peut aussi appliquer simplement les différentes évolutions classiques de Pym version comics et les transférer à Scott. Bien entendu, il y a aussi sa fille, Hope, qui peut avoir un vrai rôle à jouer. D'ailleurs on en parle peu mais en réalité, ce film est autant la naissance d'Ant-Man que la sienne en termes de dimension héroïque. Elle se révèle et par la suite ce serait logique qu'elle déploie ses ailes. Au sens figuré et peut-être au sens propre (sourire).

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