Light of my life
Universum Films

Casey Affleck réussit ses premiers pas de réalisateur de fiction

Light of my life s’ouvre sur un monologue de 10 minutes. Une histoire pour enfants que Tom raconte à sa fille de 11 ans, Rag (Anna Pniowsky, épatante révélation), en revisitant celle de l’Arche de Noé. Le plan est serré sur eux, sans qu’on puisse savoir avec certitude où ils se trouvent. Comme seuls au monde. Et très vite, on va comprendre qu’à leur manière, ils le sont vraiment, grâce à une phrase en apparence anodine de Rag qui s’étonne que dans cette histoire d’animaux, il existe un couple de chaque espèce alors qu’elle est la seule de la sienne.

En une et une seule scène, Casey Affleck vient de planter le décor de sa première fiction, neuf ans après son mockumentaire I’m not here- The Lost year of Joaquin Phoenix. Ce futur proche où une pandémie a rayé de la carte toute la population féminine (sujet qui, consciemment ou non, fait forcément écho aux accusations d’harcèlement auxquelles Affleck a été confronté)… à l’exception donc de cette gamine, miraculeusement épargnée que son père veut à tout prix protéger de ce monde hostile. Leur quotidien est donc condamné à n’être qu’une succession de fuite permanente et de subterfuges. Sauf que Rag n’est plus une enfant et que sa soif grandissante d’indépendance va à l’encontre de ces principes de précaution. Entre film post- apocalyptique et coming of age story, Affleck privilégie ici une troisième voie : le portrait d’un amour fusionnel père- fille. Le fil du récit est ténu, le temps peut parfois sembler un peu long mais la délicatesse infinie du geste qui contraste avec la violence de la situation créée une atmosphère prenante qui vous enveloppe pour ne plus vous lâcher.  

De Casey Affleck. Durée: 1h59. Sortie le 12 août