Cédric Klapisch lors de l'avant-première de Ce qui nous lie
Abaca

Du Péril jeune à Ce qui nous lie, Cédric Klapisch s'est imposé film après film comme un cinéaste générationnel et passionné.

Ce qui nous lie reviendra ce soir sur France 3. A sa sortie au cinéma, en 2018, Première avait rencontré son créateur, Cédric Klapisch, qui avait accepté de se prêter au jeu du "film qui...". Lui qui a renoué avec le succès cette année grâce au film de danse En corps, reviendra bientôt sur Amazon avec Salade grecque, une série dérivée de L'Auberge espagnole.
Allez, on joue ?

Cédric Klapsich : "Je suis très fier de L'Auberge espagnole"

 Le film qui...

...vous a donné envie de devenir réalisateur ?

Cédric Klapisch : (Il hésite.) Il y en a beaucoup, mais si je ne devais en choisir qu’un, ce serait Vol au-dessus d’un nid de coucou de Milos Forman. C’est un film important pour moi. Je l’ai vu à sa sortie quand j’avais 15 ans, et je me suis dit que si un jour je devais faire du cinéma, j’essaierais de faire un film comme ça : un vrai portrait d’humanité, qui fait à la fois rire et pleurer. Et réfléchir aussi.

 ... est un symbole générationnel ?

Les Valseuses. Je n’ai pas cherché à faire des films générationnels, ce sont les gens qui s’y sont retrouvés. Ce Blier-là résume ma jeunesse. C’est une oeuvre décrivant les années 70 avec un réalisme fort et transgressif. Il y a un aspect très Charlie Hebdo dedans, une recherche de liberté. C’était la fin d’un vieux monde, le début d’un autre. On a mis la jeunesse à la mode et cette génération n’avait plus qu’à jouir de la vie.

 ... ne fait rire que vous ?

Les Folles Aventures de Picasso qui est un film suédois un peu méconnu de la fin des années 70. C’est stylisé bien que fait avec peu de moyens. On dirait une troupe de théâtre qui reconstitue une fresque historique avec un côté un peu cheap et débile, mais ça donne au film un aspect très créatif. Comme les Monty Python avec Sacré Graal !.

 ... est un chef-d’oeuvre surestimé ?

Ça vaut pour beaucoup d’oeuvres post-Nouvelle Vague que je trouve juste chiantes. À l’époque, c’était un scandale de penser ça. Aujourd’hui, ces chapelles ont un peu disparu, même s’il persiste encore des discours parfois méprisants. Dans les années 80, dire que l’on avait aimé Blade Runner pouvait être compliqué, et puis c’est devenu chic parce qu’on disait qu’il y avait du Rivette et du Rohmer dedans.

 ... est votre plaisir coupable ?

Les films de Russ Meyer. Tout le monde pense que ce sont des films porno, mais pas du tout : c’est un cinéma artistique qui pourrait être l’équivalent de celui de Leone. Oui, il filme des femmes avec des gros seins comme dans Faster, Pussycat ! Kill ! Kill !, mais il a une écriture BD ultra-sophistiquée avec un côté grosse comédie couillonne. Ce n’est pas un cinéaste mineur : il a inventé son propre langage. Comme Leone avec les westerns spaghettis.


Ce qui nous lie : un Klapisch capiteux [critique]