Aaron Paul : "Je me suis éclaté sur Need for Speed"
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Le film d'action revient ce soir sur C8.

En 2014, à la sortie de Need for Speed, Première avait pu poser quelques questions à sa star, Aaron Paul, qui venait de finir la série Breaking Bad. A l'occasion de la rediffusion du film, mais aussi de la future adaptation de la série au cinéma, nous republions cet entretien.

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Need for Speed est votre premier grand rôle depuis l’arrêt de Breaking Bad...
Juste après avoir bouclé le tournage du dernier épisode, j’ai sauté dans un avion car les prises de vues de Need for Speed débutaient le lendemain matin. Tant mieux au fond, dans la mesure où enchaîner sur ce nouveau projet m’a immédiatement aidé à faire le deuil de la série.

Chaque film est important, mais celui-ci compte particulièrement pour la suite de votre carrière, non ?
Bien sûr. Vous avez intérêt à faire les bons choix si vous voulez durer dans ce métier. Je suis plus naturellement attiré par les drames indés à budget microscopique car j’ai la sensation que c’est là que sont racontées les meilleures histoires, qu’on trouve de vrais personnages à incarner. Mais je savais également qu’à ce stade, il était nécessaire pour moi de tourner un film de studio afin que ces projets indépendants puissent continuer à se monter. J’ai eu de la chance que ce soit Need for Speed, dont le script m’a très agréablement surpris.

Ce qui n’était pas gagné vu qu’il s’agit de l’adaptation d’un jeu vidéo de course automobile...
En commençant à lire le scénario, javais peur de n'y trouver que des bagnoles, sans l’ombre d’une histoire. On m’avait dit que les personnages étaient bien écrits, mais j’avais du mal à y croire. J’avais tort car, en tournant les pages, j’ai été surpris par la vitesse à laquelle je m’attachais à eux, par le côté hyper fun mais aussi très émouvant du film. L’une des premières choses que Scott Waugh, le réalisateur, m’a dites en me pitchant le projet était qu’au-delà de rendre hommage aux grands films de la « car culture » des années 60-70, il voulait que le public ne doute à aucun moment de ce qu’il verrait à l’écran. Le but était de ne pas recourir aux images de synthèse dans les scènes de cascades, de tout exécuter sur le plateau. Et ça ne marcherait que si j’étais réellement au volant de la voiture... J’ai dû suivre des cours de conduite pendant plusieurs semaines, mais on était loin de l’auto-école. Pour vous donner une idée, dès le premier jour, je me suis retrouvé à dévaler une rampe à 100 km/h avant de devoir faire un dérapage à 360°.

Vous avez donc assuré la plupart de vos cascades ?
Le plus possible, oui. En particulier pour une scène où je devais décoller avec la voiture et atterrir à une certaine distance de la caméra qui me filmait frontalement. Sachant que quelqu’un était derrière cette caméra, c’était stressant. Le danger était d’ailleurs tel que Scott Waugh lui-même a pris la place du caméraman au moment de tourner le plan. Pour d’autres séquences, on a parfois utilisé des pod cars, qui sont des bagnoles pilotées par un cascadeur à plat ventre sur le toit. C’était moi qui tenais le volant, mais il tournait dans le vide et la pédale de frein ne répondait pas. Je le sais car je n’arrêtais pas d’appuyer dessus!

Mettez-vous en pratique dans la vie ce que vous avez appris sur le film ?
Seulement avec les voitures de location. (Rire.) Je m’amuse toujours à vérifier que le frein à main fonctionne en m’autorisant un petit dérapage contrôlé lorsque je suis seul dans un virage.

Étiez-vous un fan de films d’action quand vous étiez plus jeune ?
J’étais fou de Piège de cristal et j’adorais par ailleurs Steve McQueen. Une partie de Need for Speed a été tournée à San Francisco, pile dans les rues où a été filmé le Bullit de Peter Yates. On ne pouvait passer à côté de cet hommage...

Tout le monde ne le sait pas, mais vous êtes l’un des rares acteurs à pouvoir vous vanter d’être apparu à la fois dans Beverly Hills et dans Melrose Place...
Et là, on parle des séries originales, hein, pas des remakes. Ca ne rigole pas ! Ce petit rôle dans Beverly Hills a été l’un de mes premiers jobs à la fin des années 90. Juste après l’avoir tourné, j’ai reçu une offre pour jouer dans un épisode de Melrose Place. J’étais comme un fou. Je venais à peine de débuter et on me filait déjà un autre boulot, sans audition. Je me suis dit : « Ta carrière est en train de décoller, c’est génial !» Résultat, je n’ai plus bossé pendant six mois... (Rire.)

À l’époque, vous faisiez principalement des pubs, c’est ça ?
J’en ai tourné un paquet, en effet. J’étais frustré car mordre dans un hamburger ou boire un Coca n’était pas vraiment ce à quoi j’aspirais. Mais l’argent que je gagnais grâce à ça me permettait de vivre décemment et d’aller auditionner pour des projets plus intéressants sans avoir le couteau sous la gorge. J’ai ensuite fait beaucoup de télé. Je crois que si vous prenez n’importe quelle série diffusée au début des années 2000, il y a de grandes chances pour que vous m’aperceviez dans l’un des épisodes. X-Files, Urgences, Les Experts, NYPD Blue, Bones... Je les ai toutes faites.

Selon vous, quel a été le tournant ?
Je dirais Big Love. C’est grâce à cette série que j’ai pu décrocher Breaking Bad.

Ne craignez-vous pas que le rôle de Jesse Pinkman vous colle à la peau ?
C’est un risque, j’en suis conscient, et c’est pour ça que j’essaie de varier les plaisirs. Après Need for Speed, j’ai enchaîné avec un tout petit drame indépendant tourné pour 600 000 dollars (Hellion, de Kat Candler, présenté au festival de Sundance en janvier dernier), et là, je viens de finir Exodus, une gigantesque épopée biblique de Ridley Scott.

Mesurez-vous aujourd’hui l’impact de Breaking Bad sur votre carrière ?
Les portes sont grandes ouvertes pour tous ceux qui ont bossé sur la série, et ça, on le doit d’abord aux scénaristes qui nous ont écrit ces rôles incroyablement complexes et nous ont permis chaque semaine d’élargir notre registre de jeu. La trajectoire de ce show, qui a gagné lentement en popularité avant de devenir un véritable phénomène, me fait encore halluciner. Je n’en reviens toujours pas. Je rigole souvent en disant qu’on a été pourris gâtés par Breaking Bad, qu’on est désormais condamnés à suivre une pente descendante parce qu’on ne retrouvera jamais un tel niveau de qualité sur d’autres projets. Mais vous savez quoi ? Ce n’est absolument pas grave car ça ne signifie en rien que je ne suis pas fier de Need for Speed, sur lequel je me suis éclaté et que je trouve très réussi dans un genre différent de ce que j’ai fait jusqu’à présent.
Interview Mathieu Carratier

Bande-annonce de Need for Speed de Scott Waugh, avec Aaron Paul, Dominic Cooper, Imogen Poots :


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