DR

Le comédien Lorant Deutsch est à l’affiche du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, transposé par le metteur en scène Nicolas Briançon, dans la folie délirante des années 70. Propos recueillis par M-C. NivièreJouer un Shakespeare était pour vous un songe ?Un vrai rêve ! Même si je n’ai pas été élevé avec l’idée que Shakespeare était un grand auteur. Je n’ai pas grandi avec la culture théâtrale. Ma première grande émotion, je l’ai eue en voyant à la télévision Cyrano, les versions avec Daniel Sorano, puis Depardieu et Weber… Depuis, je suis devant un coffre à jouets et cela m’émerveille !Vous interprétez l’un des plus beaux rôles du répertoire, Puck, un p’tit gars qui vous ressemble.Quand j’ai commencé au théâtre, j’ai eu comme camarade de jeu et comme maître, Jean Piat. Il m’a prédit que je jouerais un jour Puck. C’est vrai que ce personnage me ressemble, il parle à tort et à travers, se mêle de tout, tente de résoudre les choses… C’est un messager comme je l’ai été ; on m’envoyait parler aux filles, trouver des partenaires de foot…Votre metteur en scène est un Obéron qui mène de main de maître la comédie…Quand la pièce tend vers la comédie, nous nous retrouvons presque dans un boulevard, avec des gens qui se disputent, se retrouvent. Sauf que cela vole très haut ! Briançon a l’intelligence de ça et sait le faire ressortir. On n’est pas loin d’une série télé avec ses rebondissements, ses quiproquos, ses manigances…Tout va à Shakespeare même le style « Chapeau melon et bottes de cuir » ?C’est le propre des pièces intemporelles. L’imagerie très pop anglaise fait que l’on situe la pièce en pleine libération qu’ont été les années 70, et dont on porte encore les traces. Que feraient nos instincts si on les autorisait à se lâcher ?Pas de Shakespeare sans esprit de troupe ?Pas de théâtre sans troupe ! C’est vrai que c’est de plus en plus rare, les finances sont resserrées alors on va vers le face-à-face, le minimalisme. Le théâtre ne se fait pas seul, et il prend toute sa saveur avec la troupe. Etre vingt sur scène, c’est le rêve !