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Sa version finale, très réussie, sera diffusée ce soir sur Arte.

La 7e chaîne proposera ce soir Alabama Monroe à 20h55. A sa sortie en 2013, Première avait été charmé par ce film et avait pu parler de sa création avec son réalisateur Felix Van Groeningen. Retour sur cet entretien intéressant.


PREMIÈRE : Alabama Monroe est l’adaptation d’une pièce. On a du mal à imaginer ce que ça donnait car le film ressemble à tout sauf à du théâtre filmé...

Felix Van Groeningen : C’était un concert de musique bluegrass. Il y avait cinq personnes sur scène – un joueur de banjo et une chanteuse, en couple, ainsi que trois musiciens – qui, entre les morceaux, racontaient leur vie en s’adressant aux spectateurs. Pas de décor. De simples tentures rouges et le public assis à des tables, comme dans un club. Les musiciens parlaient et le couple racontait son histoire, évoquait sa fille, mais toujours en ayant conscience qu’il y avait un public. J’étais fasciné et en même temps j’avais peur de les suivre parce que je savais comment ça finirait. C’est précisément ce sentiment que je voulais retrouver pour le film.

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À quel moment avez-vous décidé d’en faire un long métrage ?
L’envie était là, mais je ne voyais pas comment m’y prendre. Pendant un an et demi, j’ai écrit plusieurs versions, essayé des trucs, ajouté l’histoire de l’ambulance, relégué le concert à la fin... Pas à pas, j’ai réussi à oublier la pièce, et la logique du film a pris forme.

Dans le making of, vous dites qu’il y a eu plusieurs montages.
Oui. J’en ai fait un premier, puis j’ai tout recommencé. La version initiale était une catastrophe. Ça n’avait pas l’impact que je recherchais, c’était trop évident. De toute façon, mon premier montage est toujours nul. Ça fait partie de mon processus de travail.

La première version ratée ?
Oui. Il faut laisser faire le temps. J’adore procéder ainsi, c’est comme un labo. Une fois que le film s’est bien décanté dans ma tête, je casse la logique, les idées qui sont derrière les images.Je me débarrasse de l’explication pour ne garder que l’émotion.

La scène de fin est le gros morceau du film. C’est la plus dialoguée, la plus littérale, alors que le reste fonctionne sur un registre plus poétique. Elle vous a posé problème ?
J’y ai beaucoup réfléchi durant les derniers mois de tournage. C’est la scène qui reflète le mieux l’esprit de la pièce et j’en avais besoin pour rester fidèle au texte. Les critiques se focalisent là-dessus, sur le fait que ce soit hyper direct. Mais dans la pièce, ça l’est encore plus. Je ne me suis jamais dit que j’allais trop loin. Tout le film est un cheminement vers cette scène parce que la pièce est comme ça pendant une heure et demie.

Propos recueillis par Gaël Golhen et François Grelet

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